L'affaire Cahuzac me rend optimiste !
Déjà parce que cela permet de rire un peu en ces temps de grisaille économique et climatique; la compilation du nouvel obs (visible sur notre page de une) va devenir un classique. Avec un bon whisky et quelques personnes à l'humour de mauvais goût (et non pas l'inverse), elle est tout simplement une réserve inépuisable de blagues, de calembours et de détournements. Au moins aussi bonne que celle de Clinton!
« je n'ai pas eu de relation sexuelle avec mademoiselle Lewinsky ! »
Mais surtout parce qu'elle est signe de progrès. Le temps où nos ministres pouvaient se débarrasser d'un scandale d'un haussement d'épaule est clairement révolu. Nous ne serons plus regardés avec un étonnement mêlé de pitié par nos voisins allemands, anglo-saxons ou nordiques dont les politiques démissionnent fissa au moindre soupçon non pas de crime ou de délit, mais juste de manquement à la morale.
Non seulement Cahuzac a démissionné avant que la fraude ne soit avérée, mais en plus, et là rendons leur hommage, les juges et enquêteurs du dossier n'ont pas faibli face aux pressions du pouvoir qui les ont certainement accablés.
Dans la même veine, la mise en examen d'un ancien président, moins d'un an après son retour à la vie civile est une première en France. On est loin des atermoiements qui sauvèrent Chirac.
Que nos politiques soient des êtres humains avec leurs faiblesses? Certainement. Alors si nous exigeons d'eux un comportement irréprochable, nous devons soutenir les citoyens qui par leurs fonctions sont à même de les cadrer et de les forcer à réfléchir à deux fois avant de se lancer dans des actions répréhensibles par la loi. La peur du gendarme, il n'y a que ça de vrai!
Finalement, ceux qui vont peut-être inverser la tendance du désamour des français pour les politiques, et de notre manque de confiance en eux, sont les juges d'instruction.
Une dernière remarque s'impose. Que l'on soit de gauche ou de droite, si l'on est honnête, la différence de traitement des deux affaires par les «camps respectifs» est effarante. Les ténors de l'UMP, presque unanimement dénoncent «une mise en examen outrageuse» de Sarkozy. Presque aucun pour dire leur espérance que leur ancien chef soit innocent tout en se félicitant que la justice française soit capable de faire abstraction des relations de pouvoir. Au PS, jusqu'aux aveux de Cahuzac, ce fut le discours dominant. Peut-être une stratégie qui consiste à ne jamais être pris en faute ni à reconnaître ses erreurs ?
En tous les cas, les choses changent : si vous êtes militant ou sympathisant UMP ou PS, faîtes savoir à vos représentants politiques que vos affinités économiques et sociales avec eux ne leur permettront plus de se croire au dessus des lois et d'insulter les garants de la justice en France.