Sarko coulé, mais pas mort !
Par Christian Duteil
Pour certains qui prennent souvent leurs désirs pour la réalité, les jeux seraient déjà faits…
Après le verdict implacable des résultats de ce premier tour des présidentielles. Les sondages et la presse française et internationale pronostiquent déjà que Nicolas Sarkozy, victime à la fois de la crise, de ses promesses non tenues au cours de son dernier quinquennat et de son image de « président des riches », ne se succédera pas à lui-même comme l’ont réalisé avant lui De Gaulle, Mitterrand et Chirac. Début avril, la une de l’édition européenne du sérieux « Time » s’interrogeait même s’il fallait dire « Adieu » à Nicolas Sarkozy qui aurait fait son temps à la présidence de la République Française. Avec sa stratégie « incohérente » et quasi schizophrénique d’un coup de barre à l ‘extrême droite pour draguer l’électorat du Front National et puis d’un autre, le lendemain, au centre pour tenter de séduire l’électorat de François Bayrou, Nicolas Sarkozy a donné le tournis et dérouté même ses plus fidèles supporters.
Mais, avait-il d’autres choix pour « survivre » ?
Peut-il tenir encore son pari le 6 mai ?
Est-ce perdu d’avance ?
Tel Phénix, le président candidat désavoué et tant décrié peut-il renaître de ses cendres, alors qu’il voulait à tout prix être en tête au soir du premier tour comme tous les autres présidents candidats à leur succession de la Vè République ? Et que tous les sondages concernant un second tour l’opposant au candidat « normal » François Hollande le donne perdant à tous les coups depuis le début.
En politique comme en sport, le scénario n’est jamais écrit d’avance. Tout reste possible dans la dernière ligne droite de l’élection présidentielle pour le lièvre Sarkozy face à la tortue Hollande. Surtout si le petit Nicolas n’a pas plus lu les fables de La Fontaine que la Princesse de Clèves qui provoquerait sur lui, comme l’opium, des « vertus dormitives ».
Galvanisé par la victoire écrasante de Nadal face à sa tête noire et N°1 mondial Djokovic au tournoi de Monte Carlo après sept défaites consécutives en finale, « l’enfant de la télé » et sportif accompli veut encore y croire.
En bête politique qui a connu déjà sa « traversée du désert » au milieu des années 1990, Sarko peut encore rebondir, mordre et rugir. Dimanche soir, loin d’être abattu par le sort défavorable du premier verdict des urnes, il a tenté crânement devant ses militants à la Mutualité de reprendre la main en sortant trois lapins de son chapeau de magicien. Sûr de son fait et de ses talents de débatteur, il a proposé - non pas un débat public télévisé comme prévu entre les deux tours, mais trois à son contradicteur socialiste.
Certes, ce dernier a refusé ce piège grossier de la société du spectacle que lui tendait habilement son dernier opposant, mais rien n’est joué… pour le second tour avec un écart de seulement 500 000 voix malgré une participation record. Prêt à jouer son va-tout et fort de son expérience internationale, Sarko le sportif sait, certes, qu’il a perdu le premier round mais que le match « est encore jouable » malgré son handicap de départ et le score inattendu de Marine Le Pen. Le stratège Hollande et la rue de Solférino en avaient d'ailleurs bien conscience dès dimanche soir. La bête politique Sarko n’est pas KO. Du moins pas encore !