Après 24h, la «trêve de Toulouse» est enfin finie ! Ce n’est pas pour autant que la campagne va commencer !
C’est Juppé qui dégaine :
"N'essayons pas de tirer parti dans un sens ou dans l'autre, dans quelque direction que ce soit, de ce drame qui n'a rien à voir avec la campagne électorale naturellement."
Notre actuel ministre des affaires étrangères réagit ainsi à un commentaire de François Bayrou pour qui ces assassinats dans une école juive (ainsi que ceux des militaires) :
"S’enracine dans l'état d'une société, et dans la société française ce type d'atteintes, d'actes se multiplient. Il y a un degré de violence et de stigmatisation dans la société française qui est en train de grandir, c'est inacceptable. On lance des sujets dans le débat, on prononce des mots qui roulent comme une avalanche et parfois tombent sur des fous. Nous ne savons rien sur celui qui a perpétré cette tuerie mais nous sentons bien que cela n'est pas sans lien avec une certaine évolution de la France". Tout cela sans citer le nom d'un candidat.
Mais certains à l’UMP y ont vu une référence à la politique menée par Nicolas Sarkozy. Franchement on se demande bien pourquoi…
D’autres enchaînent :
Bernard Debré a jugé ainsi les propos du candidat MoDem : "Sur le fond, c'est absurde ce qu'il a dit. "
"Un homme public doit faire preuve de retenue et de sang-froid dans ce type d'occasion", a estimé Luc Chatel le ministre de l'éducation.
M. Bayrou ne fait pourtant que son devoir d’homme politique : On ne l’a pas vu dans une école partager une minute de silence. S’il s’est senti concerné en tant que français, en tant que père de famille, ce n’est pas ce qu’il a mis en avant. Le jour même, plutôt que de mettre en scène son émotion et son empathie il prend ses responsabilités d’homme actif dans « la vie de la cité » et cherche montrer le lien qu’il fait entre ce « fait divers » et une tendance plus général du discours publique en France.
Il estime que ce drame est un symptôme d’une dérive grave et que la campagne de l’élection présidentielle est un lieu de débat approprié pour y réfléchir d’une façon constructive.
Et François Bayrou n’est pas le seul à le faire ce lien :
Le discours de Grenoble sur les Roms, la stigmatisation de pans entiers de la société, la mise en opposition des uns contre les autres : « français de souche » contre « français d’origine », « assistés » contre « travailleurs qui se lèvent tôt », fonctionnaires contre salariés du privés, le tout exprimé dans un vocabulaire souvent agressif, c’est bien le moins.
N’en déplaise à M.Debré, François Bayrou ne dit rien d’absurde. Le lien qu’il fait, la gauche, le centre et même certains membres de la droite l’a fait d’innombrable fois ces 5 dernières années.
Et puisque le président du Modem est un européen convaincu, il me paraît probable qu’il soit conscient que cette ambiance délétère et violente n’est pas circonscrite à la France.
Et qui fait preuve de sang-froid ici ? Ceux qui se précipitent pour montrer leur « émotion », mais sans récupération politique bien sûr, on est prié de les croire, ou celui qui cherche à comprendre les causes sociales de ce type de comportements afin d’y remédier ? Qui honore vraiment la mémoire des victimes ici ?
On avait l’affreux soupçon que nos candidats en campagne se faisaient la guerre entre eux pour un pouvoir personnel et que le sort des français qu’ils disent représenter n’était finalement qu’un « moyen » de la guerre, tout comme l’argent en est un autre.
En demandant une « pause » dans la campagne présidentielle afin de monter une « unité nationale » ils nous confirment que ce soupçon était fondé ; Ils sont obligés d’arrêter le « débat démocratique » pour être unis dans la condamnation d’une tuerie raciste et antisémite et dans la réaffirmation des valeurs républicaines !
Mais heureusement, la trêve est finie ; cette non campagne faite d’émotions, de manque d’idées et de propositions fantaisistes va pouvoir reprendre. Et malheur à celui ou celle qui voudrait en profiter pour avoir des débats de fonds sur l’état de la société française et sur la direction que les citoyens voudraient lui donner.
Bayrou maintient son meeting à Grenoble le 19 mars :