La majorité d’Angela Merkel divisée sur le plan d’aide à la Grèce
Les députés allemands s’apprêtent à se prononcer sur le troisième plan d’aide à la Grèce, mercredi 19 août, lors d’un vote qui donnera la mesure de la grogne des conservateurs à l’égard de la chancelière Angela Merkel.Signe de la tension dans la majorité, le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, pourtant tenant d’une ligne très dure vis-à-vis d’Athènes, a enjoint aux députés de voter pour le plan. S’exprimant mercredi, avant le scrutin, devant la chambre basse, il a déclaré que ne pas aider la Grèce serait « irresponsable » :« Evidemment, avec l’expérience de ces dernières années et de ces derniers mois, il n’y a pas de garantie que tout marchera, et le doute est permis. Mais, dans la mesure où le Parlement grec a déjà adopté une grande part des mesures, il serait irresponsable de laisser passer la chance d’un nouveau départ en Grèce. »Les 631 élus du Bundestag, actuellement en vacances, ont été convoqués pour une nouvelle session extraordinaire, la seconde après celle du 17 juillet, où ils ont autorisé les négociations sur ce troisième plan d’aide, qui doit atteindre 86 milliards d’euros sur trois ans.Le oui de la chambre basse du Parlement ne fait aucun doute, car la « grande coalition » gouvernementale réunissant les sociaux-démocrates (SPD) et les Unions chrétiennes (la CDU d’Angela Merkel et son alliée bavaroise, la CSU) dispose de 504 sièges sur 631. Une partie de l’opposition approuve par ailleurs le troisième plan d’aide. Mais, depuis plusieurs semaines, la grogne monte dans les rangs conservateurs, malgré les nouveaux sacrifices douloureux imposés aux Grecs.Lire : Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersLes « Abweichler », partisans du nonLe 17 juillet, 60 des 311 députés CDU-CSU avaient dit non lors du vote sur l’allongement des programmes d’aide à Athènes, contre seulement 29 en février. Le chef du groupe parlementaire CDU-CSU, Volker Kauder, a lancé un avertissement sévère :« Ceux qui ont voté non [le 17 juillet] ne peuvent pas rester dans les commissions où il faut maintenir une majorité, c’est-à-dire celle du budget ou celle des affaires européennes. »Le député CDU Klaus-Peter Willsch, qui de longue date a basculé dans le camp du non, estime dans Der Spiegel que les menaces de M. Kauder ne changeront rien.« Les 60 qui ont voté non il y a trois semaines se sont aussi engagés face à leurs électeurs. Rien n’a vraiment changé en Grèce. Celui qui modifie maintenant sa position dit aussi aux citoyens de sa circonscription : “Je plie devant la direction.” »Les partisans du non, les « Abweichler » (« déviationnistes ») comme les surnomme la presse, surfent sur une opinion publique largement convaincue d’avoir déjà trop payé pour la Grèce. Selon un sondage de l’Institut Infratest Dimap paru juste avant le vote du 17 juillet, 49 % des personnes interrogées considéraient que le Bundestag ne devait pas approuver les nouvelles négociations sur le troisième paquet d’aide (46 % pour un vote favorable).Lire aussi : Troisième plan d’aide à la Grèce : en Allemagne, le scepticisme prévautEpineuse question du FMILa chancelière a semblé pouvoir contenir la grogne de ses troupes, réunies mardi soir, et un vote blanc n’a donné que 56 non. Mme Merkel s’adressera aux députés en début de séance, peu après 9 heures. Elle a peaufiné ses arguments dans une interview à la télévision publique dimanche, saluant l’évolution du gouvernement grec, qui « a travaillé complètement différemment que lors des mois précédents ».Mais reste l’épineuse question du FMI. Le Fonds monétaire international s’est en effet laissé jusqu’à octobre pour décider de sa participation au plan d’aide, conditionnée à une réduction de la colossale dette grecque, jugée « insoutenable ».Les Allemands s’opposent catégoriquement à cette exigence tout en souhaitant pouvoir compter sur le FMI, qu’ils considèrent comme une assurance de voir remboursés les prêts accordés à la Grèce. « Je suis tout à fait sûr que le FMI va prendre part à ce programme », a insisté le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, à la télévision publique allemande.L’Espagne et l’Autriche ont donné, mardi, leur accord à l’aide financière, et les Pays-Bas sont appelés à se prononcer mercredi, sans doute en fin de journée. Si tous approuvent l’accord, 13 milliards d’euros devraient être versés d’ici à jeudi à la Grèce, qui pourrait ainsi honorer une partie de ses dettes arrivées à échéance, et 10 milliards supplémentaires iraient à la recapitalisation des banques.