Dopage : la série noire de l'athlétisme français

Son cas est le dernier d'une longue série d'affaires de dopage qui touchent l'athlétisme français depuis quelques mois. En juillet, le grand espoir du lancer de marteau Quentin Bigot passe aux aveux après un contrôle positif. En juin, c'est le champion du monde du triple saut, Teddy Tamgho, qui est suspendu un an pour ne pas avoir été localisable à trois reprises pour se soumettre à un contrôle inopiné. Retour sur ses affaires et quelques autres qui jettent un doute sur les belles performances de l'athlétisme français.
L'affaire Traby, la dernière en date : vendredi 7 novembre, les gendarmes de Prades perquisitionnent l'appartement occupé notamment par Laila Traby, lors d'un stage à Font-Romeu, haut lieu d'entraînement du fond français. Médaillée de bronze surprise, à 35 ans, aux championnats d'Europe en août, Laila Traby était arrivée derrière sa compatriote Clémence Calvin, deuxième. L'athlète avignonnaise, licenciée à Martigues, était sans référence chronométrique sur le 10 000 m piste avant cette année. La progression de la fondeuse, née à Laayoune (Maroc), est néanmoins impressionnante dans l'épreuve du 10 km hors stade, passant de 34 min 36 s l'an passé, à 31 min 56 s en 2014. Pour le moment, Laila Traby nie en bloc et crie au complot.
Le marteau sur la tête de Bigot et Piolanti : Douze jours après que l'Est républicain dévoile le contrôle positif au stanozolol (stéroïde utilisé par Ben Jonhson à Séoul en 1988) subi en juin pendant la Coupe d'Europe en Allemagne, l'espoir du lancer du marteau est convoqué le 24 juillet devant la commission de discipline de la Fédération française d'athlétisme (FFA). Quentin Bigot reconnaît alors se doper depuis les Jeux olympiques de 2012 et met en cause son entraîneur, Raphaël Piolanti, le manager des lanceurs français. Le Lorrain de 22 ans est suspendu pour quatre ans. L'enquête suit son cours alors que les versions de Bigot et de Piolanti s'opposent.
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Le « no show » de Tamgho : l'année 2014 avait mal débuté, avec la suspension pour un an en juin (de mars 2014, date de la dernière infraction, à mars 2015) du champion du monde 2013 du triple saut. L'athlète français avait manqué trois fois à ses obligations de localisation dans le cadre du suivi antidopage. Mais la commission de discipline de la FFA a considéré dans sa décision qu'il n'y avait pas « une réelle volonté d'échapper au contrôle antidopage », tout en reconnaissant « la négligence ». Teddy Tamgho admettait pour sa défenseavoir« rencontré quelques problèmes dans l'exécution de la localisation ». « Je suis “clean”, mes tests le prouvent. Je tiens à m'excuser envers tous ceux qui me soutiennent et leur promets d'être plus sérieux, assidu et professionnel, et promets de revenir pour la saison estivale 2015 afin de défendre mon titre de champion du monde », poursuivait-il.
Un ancien de la Légion pris à l'EPO : Sélectionné pour les JO de 2012 en équipe de France, le marathonien Kényan, naturalisé français, Abraham Kiprotich, est contrôlé positif à l'EPO lors du marathon d'Istanbul en novembre 2013. Non licencié auprès de la FFA à l'époque du contrôle, cet ancien de la Légion étrangère a été sanctionné de deux ans de suspension le 22 juillet par l'Agence française de lutte contre le dopage. La décision court du 6 octobre 2014 au 6 octobre 2016.
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Decaux et ses mauvais compléments alimentaires : Sélectionnée pour les Mondiaux de Moscou en août 2013, la hurdleuse française Alice Decaux ne sera finalement pas du voyage. En cause, un contrôle positif en juin à un complément alimentaire qui contenait un produit illicite de la famille des amphétamines (bêta-methylphényléthylamines), lors des championnats d'Europe par équipes disputés à Gateshead (Grande-Bretagne). Soutenue par la FFA, qui évoque « une affaire malheureuse », Alice Decaux se voit infligersix mois de suspension, une sanction qui s'est achevée en février 2014. « Elle a pris un complément alimentaire sans veiller à le fairecontrôler, comme on le demande à chaque fois, auprès d'un médecin », avait expliqué Bernard Amsalem, le président de la FFA.
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Hirt et Gezzar, le scandale des Jeux de Londres : Hassan Hirt, sélectionné pour le 5 000 m lors des JO de Londres, est exclu en pleine compétition après la révélation d'un contrôle positif à l'EPO subi le 3 août 2012 à Rouen. Quinze jours avant, on avait appris le contrôle positif à l'EPO, toujours, de Nordine Gezzar, lors des championnats de France. Déjà suspendu deux ans en 2006 pour un contrôle positif à la nandrolone et au finastéride, l'athlète de 3 000 m steeple, quatrième des championnats d'Europe 2012, est suspendu dix ans par la commission de discipline de la FFA.
Fin de partie pour Bouchra Ghezielle : Naturalisée française en 2005, la spécialiste du 1 500 m d'origine marocaine remporte dans la foulée le bronze lors des Mondiaux d'Helsinki. En mars 2008, elle est contrôlée positive à l'EPO et est suspendue quatre ans par la FFA.
La « testo » de Naman Keita :Le spécialiste du 400 m haies, l'un des héros des Mondiaux 2003 de Paris (médaille d'or), est l'un des plus beaux palmarès de l'athlétisme français (médaille de bronze olympique en 2004 et médailles d'or et de bronze européennes en 2006 et en 2002). Lors des Mondiaux 2007 à Osaka, il subit un contrôle positif à la testostérone. Il est suspendu deux ans et manque les JO 2008 et les Mondiaux 2009.

Hind Dehiba, rattrapée par la douane : l'athlète marocaine, naturalisée française en 2004 à la suite de son mariage avec Fodil Dehiba, est contrôlée positive à l'EPO en 2007 après que le couple a été arrêté à Roissy par les douaniers en possession de fioles d'hormones de croissance. La médaillée de bronze aux championnats d'Europe 2005 (1 500 m) est suspendue deux ans et revient à la compétition en 2009, en se qualifiant même pour les Mondiaux 2009. En 2010, elle décroche une médaille d'argent lors des championnats d'Europe (1 500 m).
D'autres athlètes de second rang, particulièrement dans le demi-fond et le fond français, ont été pris par la patrouille ces dernières années. On peut citer Fatima Yvelain (2012), Julie Coulaud (2008), Khalid Zoubaa (2007) ou encore Latifa Essarokh (2006). Série en cours.
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