Mission Rosetta : Philae posé sur la comète, mais pas harponné

« Nous sommes sur la comète » 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, « nous sommes très heureux », a déclaré Andrea Accomazzo, directeur de vol de la mission Rosetta au Centre européen d'opérations spatiales (ESOC) à Darmstadt (Allemagne), sous des applaudissements nourris.
Revivez l'atterrissage et les premiers pas de Philae sur la comète : Rosetta : le robot Philae a réussi son atterrissage sur la comète « Tchouri »
PREMIÈRE IMAGE
L'atterrissage du robot s'est fait « en douceur » selon l'Agence spatiale européenne (ESA). « C'est un grand pas pour la civilisation humaine, a commenté Jean-Jacques Dordain, directeur général de l'ESA. Nous sommes les premiers à l'avoir fait et c'est cela qui restera pour toujours. » « Ce genre de réussite ne tombe pas du ciel, c'est le résultat d'un travail acharné, du savoir-faire », a-t-il poursuivi, avant de rendre un vibrant hommage à tous les participants européens au projet.
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La première image prise par la caméra Rolis embarquée sur Philae, à moins de dix kilomètres de la surface de la comète, nous est parvenue environ 1 h 30 après l'atterrissage :
ET PREMIÈRES INQUIÉTUDES
Malgré l'euphorie, les premières inquiétudes se sont vite fait sentir, rapporte notre envoyé spécial, David Larousserie, depuis le centre de commandement de Darmstadt (Allemagne). Car, contrairement à de premières annonces, le robot Philae n'est pas arrimé au sol de la comète, puisque le système de harpons ne s'est pas déclenché.
Lors du premier point d'information qui a eu lieu peu après 20 heures, Stefan Ulamec, le chef du projet côté allemand, a précisé que « Philae a[vait] pu rebondir au moment de l'impact et [était] peut-être tourné sur lui-même », avant de temporiser : « Le signal de communication a été fluctuant. On en est au stade des spéculations, et des analyses sont en cours. » Et, pour détendre l'atmosphère, il a plaisanté : « Finalement aujourd'hui on a atterri deux fois sur une comète ! »
Les prochaines informations seront connues dans la nuit et surtout demain matin avec de nouvelles données. « Pour ce soir, Rosetta étant passé sous l'horizon, il n'y aura pas de nouveaux contacts », a déclaré le chef de projet.
Mais, pour Paolo Ferri, directeur des opérations à l'ESA, « la liaison avec Philae est maintenue et c'est le principal » et « l'atterrissage a été très précis ».
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LE TRAVAIL A DÉJÀ COMMENCÉ POUR PHILAE
La mission du petit robot laboratoire sur « Tchouri » sera de faire des prélèvements qui donneront des informations sur les origines du système solaire, voire sur l'apparition de l'eau et de la vie sur Terre. Philae travaillera intensément pendant environ deux jours et demi. Puis une seconde batterie rechargeable par les panneaux solaires de Philae prendra le relais ; jusqu'en mars peut-être.
Ensuite il fera trop chaud pour l'électronique à bord. Mais la sonde européenne Rosetta continuera sa mission, au moins jusqu'en décembre 2015 avec notamment le pic d'activité de la comète entre mai et août.
PROUESSE TECHNIQUE À PLUS DE 500 MILLIONS DE KM DE LA TERRE
Philae avait été largué par Rosetta sept heures plus tôt, à plus de 510 km de la comète. Cet atterrissage couronne une mission spatiale lancée il y a plus de vingt ans et un voyage interplanétaire de plus de dix ans du robot en compagnie de Rosetta.
Cette arrivée en territoire inconnu n'est pas sans rappeler les premières explorations du sol martien. Klim Tchourioumov, codécouvreur de la comète « Tchouri » en 1969 à qui il a donné son nom, était venu en personne à l'ESOC pour assister en direct à l'événement. L'autre découvreuse, Svetlana Guérassimenko, a fait le déplacement jusqu'à Cologne, au siège de l'agence spatiale allemande.