Divisions au sein du CSA autour du dossier France Télévisions

Une semaine après le couac survenu au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) au sujet de France Télévisions, les circonstances se précisent et révèlent une division au sein du Conseil, chargé de la régulation de l’audiovisuel. Selon le Canard enchaîné du 12 novembre, le rapport au vitriol consacré au bilan du PDG de France Télévisions, Rémy Pflimlin, a en effet provoqué un vif débat au sein du Conseil, qui réunit neuf « sages ».
Ce texte a été examiné en réunion plénière le mercredi 5 novembre. A cette occasion, deux conseillers, Nicolas About et Mémona Hintermann-Afféjée, se sont élevés contre le ton du prérapport, jugé trop critique envers la direction de France Télévisions, selon nos informations et comme l’a écrit le Canard. D’autres membres du collège estimaient eux aussi que le prérapport n’était pas assez modéré, selon une source proche du dossier.
Méthode de travail
Outre ce débat sur le fond, un autre reproche est fait à Sylvie Pierre-Brossolette, membre du collège en charge de France Télévisions, accusée par certains collègues d’avoir travaillé sur le prérapport de façon trop solitaire. Lors de la séance plénière, certains ont eu le sentiment qu’Olivier Schrameck n’était pas en désaccord avec la teneur du document.
Certains conseillers ont ainsi eu le sentiment qu’on cherchait à leur « forcer la main » en ne laissant pas suffisamment de temps au débat collégial, sur un sujet aussi sensible. Une source interne précise que le texte a été transmis au président le vendredi précédent, puis aux autres sages le lundi 3 novembre, à la veille de sa fuite dans la presse.
Cette fuite – inédite sous la présidence d’Olivier Schrameck, qui a souvent vanté une communication maîtrisée dans le collège – a vicié la séance et les relations entre membres du collège, soupçonnés d’avoir transmis le document à la presse.
Dans ce contexte, le fait d’entendre ou de lire que Sylvie Pierre-Brossolette et Olivier Schrameck comptent chercher de leur côté des candidats pour la présidence de France Télévisions avant de les présenter au reste du Conseil passe mal auprès de certains de ses membres. Cela est vu comme une atteinte à la collégialité. Pourtant, au CSA, on dément que le président soit en recherche de candidats.
Ambiance tendue
Mercredi 12 novembre au matin, lors de la nouvelle séance plénière hebdomadaire, l’ambiance était assez tendue au sein du collège.
Cette division au sein du Conseil intervient alors que trois conseillers (Emmanuel Gabla, Christine Kelly et Françoise Laborde) achèvent leur mandat en janvier. Deux nominations doivent être prononcées, par le président de l’Assemblée nationale (Claude Bartolone, Parti socialiste) et celui du Sénat (Gérard Larcher, qui lui est à l’UMP, dans l’opposition).
Face aux tensions, le CSA a décidé, le 5 novembre, de temporiser en remettant à plus tard son examen du prérapport. Il est aujourd’hui dans la nécessité de rebondir, en rédigeant un nouveau texte de façon plus collégiale, avant de le soumettre à la délibération. Effet collatéral possible : le document pourrait être plus indulgent sur le bilan de Rémy Pflimlin, qui n’a toujours pas déclaré officiellement s’il serait candidat à sa succession.
Les modalités de désignation du prochain président du groupe ne seront, elles, fixées par le CSA que début 2015. La procédure est encore longue.