Google veut investir 100 millions de dollars dans les start-up européennes
Google s'intéresse aux start-up du Vieux Continent. Le géant de Mountain View a confirmé, jeudi 10 juillet, l'ouverture d'une branche européenne de son fonds de capital-risque, Google Ventures. Basée à Londres, elle sera initialement dotée d'une enveloppe de 100 millions de dollars (73 millions d'euros).
"Nous pensons que le paysage des start-up en Europe dispose d'un potentiel énorme, explique Bill Maris, le patron de Google Ventures. Nous avons vu émerger de nouvelles sociétés fascinantes à Londres, à Paris, à Berlin, dans les pays nordiques et au-delà: SoundCloud, Spotify, Supercell et bien d'autres". Aucune autre précision n'a été apportée par le fonds.
250 INVESTISSEMENTS
Google Ventures n'est pas le seul à s'intéresser à l'Europe. L'an passé, Accel Partners, l'un des plus prestigieux investisseurs de la Silicon Valley, a mis en place un fonds européen de 475 millions de dollars. Le mois dernier, son homologue Index Ventures a récolté 400 millions d'euros, essentiellement pour investir dans des jeunes pousses européennes. Ces deux firmes ont d'ailleurs participé à la récente levée de fonds massive de BlaBlaCar, la start-up française de covoiturage.
Fondé en 2009, Google Ventures a déjà investi dans près de 250 entreprises, uniquement aux Etats-Unis. Dans la majorité des cas, ses prises de participation se portent vers des sociétés fraîchement créées, pour un montant ne dépassant pas les 250.000 dollars. Il n'injecte que très rarement plus de 20 millions de dollars.
Deux exceptions notables: Nest et Uber. Le fonds avait investi, début 2013, près de 80 millions de dollars dans le fabricant de thermostats et de détecteurs de fumées connectés, que sa maison-mère a depuis racheté pour 3 milliards de dollars. Fin 2013, il avait injecté 258 millions de dollars dans la société de VTC (véhicule de tourisme avec chauffeurs). Il s'agit de son plus important investissement.
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ACCOMPAGNEMENT
Google Ventures dispose d'une enveloppe de 300 millions de dollars par an (contre 100 millions de dollars à ses débuts) pour financer des start-up jugées prometteuses. Son portefeuille d'investissements comprend également le spécialiste des jeux sociaux Kabam, le service de co-voiturage Relay Rides ou encore le site de coupons promotionnels RetailMeNot.
Le fonds avait aussi investi dans HomeAway, site de locations d'appartements entre particuliers. Il a dégagé une plus-value substantielle lors de l'entrée en Bourse de ce concurrent d'AirBnB en juin 2011. D'autres investissements ont porté leur fruits, comme celui dans la plate-forme de développement mobile Parse rachetée début 2013 par Facebook. Le fonds reste cependant très discret sur ses performances financières
Au-delà de l'apport financier, Google Ventures joue aussi un rôle d'incubateur. Il offre aux start-up un accompagnement dans leur développement. Il dispose aussi de locaux sur le campus de Google à Mountain View. Et des ingénieurs du moteur de recherche sont souvent invités à promulguer des conseils. "Les start-up n'ont pas seulement besoin de capitaux pour réussir", justifie M. Maris.
DEUXIÈME FONDS
Google n'est pas la seule société high-tech à disposer d'une branche d'investissements dans les start-up. Selon un récent rapport de CB Insights, la firme de Mountain View est cependant la plus active sur ce domaine. Elle devance les fabricants de composants électroniques Intel et Qualcomm. En juin 2013, Microsoft avait annoncé la création de son propre fonds, Microsoft Ventures.
En général, ces fonds s'inscrivent dans une stratégie d'entreprise globale. Ils investissent dans de jeunes sociétés qui pourront peut-être un jour servir les intérêts de leur maison-mère, voire être rachetées. Google Ventures assure fonctionner différemment: il est indépendant de Google. Comme un fonds de capital-risque traditionnel, ses prises de participation ne seraient donc motivées que par des espoirs de retours financiers.
"Nous avons investi dans des sociétés qui travaillent pour Facebook ou Twitter", explique-t-on en interne. Google Ventures ne se limite en outre pas au secteur de l'Internet et de la publicité. Il est aussi actif sur les biotechnologies, les éco-industries et la santé.
L'expérience semble en tout cas satisfaire Google, dont la trésorerie s'élève à près de 60 milliards de dollars. La société a lancé l'an passé un deuxième fonds, Google Capital, qui se consacre aux sociétés ayant déjà atteint un stade avancé de leur développement et pouvant rapporter des retours financiers rapides. En mai 2013, il avait notamment injecté 125 millions de dollars dans Lending Club (prêts entre particuliers), qui devrait entrer en Bourse avant la fin de l'année.
Photo: Robert Scoble
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