Elections en Afrique du Sud : l'ANC revendique une victoire « écrasante »
Un tel score de l'ANC serait conforme aux prévisions des sondages. « Avec un score de plus de 60 %, ça sera une victoire décisive », a indiqué Jessie Duarte, secrétaire générale adjointe de l'ANC. « Si l'on regarde les tendances mondiales, il faut s'attendre à ce qu'un parti au pouvoir ne garde pas éternellement des scores aussi hauts », dit-elle pour justifier le relatif recul du parti.
Toutefois, les résultats des grandes villes, dont Johannesburg, sont encore attendus. Mais, même si ces résultats sont loin d'être définitifs, l'ANC est assuré de gérer le pays pour le cinquième quinquennat consécutif. Et le président sortant, Jacob Zuma, sera réélu le 21 mai par une Assemblée nationale où il aura toujours une claire majorité.
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Les Sud-Africains se sont massivement déplacés pour participer à ces cinquièmes élections législatives depuis la chute de l'apartheid en 1994, avec une participation d'environ 72,6 %. La journée de vote s'est globalement déroulée dans le calme, à part à KwaDukuza dans l'Est, où un un militant de l'ANC a été abattu devant un bureau de vote. Une autre personne a été blessée dans un township de Durban.
L'ANC, CRITIQUÉ MAIS TOUJOURS AIMÉ
Derrière l'ANC, le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), semblait de son côté avoir progressé — les résultats provisoires lui donnant 22 % des voix, contre 16,7 % en 2009. « La DA va clairement de l'avant », a relevé la chef de son groupe parlementaire, Lindiwe Mazibuko, oubliant que le parti espérait atteindre 30 % il y a quelques mois. La dirigeante de l'Alliance démocratique, Helen Zille, devrait rester première ministre de Cap-Ouest, la prospère province du sud-ouest dont Le Cap est la capitale, et la seule — sur neuf — que ne contrôle pas l'ANC.
Le parti radical populiste de Julius Malema, les Combattants pour la liberté économique (EFF), était en troisième position au niveau national avec 4,9 %. Parmi les grands perdants du scrutin, Cope, un parti issu d'une scission de l'ANC qui avait remporté 7,4 % des voix en 2009 — et s'est depuis épuisé dans des combats de chefs —, n'en aurait plus que 0,7 %. Et surtout, l'intellectuelle Mamphela Ramphele, qui avait voulu incarner une alternative libérale noire à l'ANC, dépasserait à peine les 0,2 %.
Accusé de corruption et d'incompétence par l'opposition, l'ANC reste le parti de cœur de millions de Sud-Africains, qui estiment que c'est à la formation qu'a incarnée Nelson Mandela qu'ils doivent leur liberté. Mais les violences urbaines quasi quotidiennes dans le pays prouvent que le parti au pouvoir ne bénéficie plus depuis longtemps d'aucun état de grâce. Les quartiers les plus pauvres s'enflamment régulièrement, généralement pour réclamer un accès à l'eau ou à l'électricité, dénoncer l'incurie des élus locaux ou réclamer des emplois — alors que le taux de chômage dépasse officiellement les 25 %.
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