31 août 2009
31 Août 2009.
Envie d’eau, de soleil sur ma peau et de miroitements.
Je ne connais pas l’endroit, mais je sais qu’il se trouve à égale distance entre ton provisoire chez toi et mon futur ex chez moi.
Je le situe mais je me suis perdue quand même.
Les méandres de ma pensée m’ont fait emprunter une route détournée.
Peut être que je n’arriverai pas à te retrouver.
Tant pis, il fait soleil.
Je cligne des yeux, je repose mes lunettes noires, je veux voir le soleil en face, je veux laisser entrer la lumière.
La clim n’est pas nécessaire, il est encore tôt, c’est le matin, la relative fraicheur est encore au rendez vous.
Putain en fait je n’aimerai pas le louper ce rendez vous avec toi, mais ma voiture tourne et retourne dans les rues.
Ca y est j’ai trouvé, je le sais parce que je croise ta voiture, je ne te vois pas à l’intérieur.
Demi tour, le parking, t’es pas là, merde où t’es passé.
J’ai pas rêvé tout de même.
Se garer.
J’irai à pieds, j’ai vu l’entrée.
Piscine municipale de P…
Piscine découverte.
Dernier jour, après elle ferme jusqu’à l’été prochain.
J’ai pas trop conscience de ce qu’est l’été, mais tu es là, tu m’attends.
Je te regarde de loin en avançant, je te considère, je te vois.
Y a un truc qui me heurte, je sais pas quoi. Putain, mais qu’est ce que t’a foutu avec tes chaussettes, pourquoi tu les as mis comme ça.
Je souris, on dirait que tu t’es habillé dans le noir.
Peut être que tu t’es habillé perdu dans tes pensées.
Le lieu est délicieusement suranné, on se croirait dans une piscine de bord de mer normand, années 20.
Les bassins sont vides, pas de bruits, juste le reflet du soleil sur l’eau. J’ai envie de cette eau et j’ai envie de toi.
Tu ne m’as pas embrassé, tu es comme à l’extérieur de toi.
Les cabines. Je respire, enfin se dénuder, l’air caressera ma peau.
Je te retrouve, tu m’attends et tu me souris cette fois ci.
Tu es beau, vraiment beau.
Nous avons décidé de prendre un temps de pause, l’air devient doux, il y a peu de monde, bientôt, dans la journée il fera chaud.
Allongée près de toi, à même le sol autour du grand bassin j’ai envie d’autres étreintes, nos corps ont la mémoire.
Ta main prend la mienne, l’eau nous réclame.
Tu es calme, très calme, trop calme, presque silencieux, tu es dedans et dehors, en toi et pas.
Tu n’es avec moi que par intermittence, mais tu me souris encore.
Petit bassin.
Traversée dans le silence de l’eau qui glisse sur nos jambes.
J’ai envie de ta peau.
Je garde la distance.
Tu t’assois sur le bord du bassin, je m’agenouille dans l’eau, tout près cette fois, presque blottie, tu prends doucement ma tête que tu poses sur tes cuisses et caresse mes cheveux, les relève un peu et fais glisser de tes longues mains de d’eau sur la peau blanche de mon dos, ma nuque se tend, elle réclame.
Tu recommences et tu me parles enfin, murmure tout doux comme un aveu, ta voix est fatigué, et tu l’es tout autant.
Tu me parles de demain, je voudrai que ce moment ne s’arrête jamais.
Je sens des choses étranges.
Je suis bien là, tout contre toi, je suis bien mais triste.
Je crois que déjà je sais.
Je voudrai que ce moment ne s’arrête jamais, j’aimerai la suspension, l’arrêt sur image, et rester dans cette illusion de paix et de sérénité.
Mais déjà tes mains s’agitent, viennent chercher les miennes, le grand bassin attend, allons oui allons nager.
Je te suis, tu me mènes, aujourd’hui tu es mon capitaine, je ne ralentirai pas le pas, je vais où tu voudras.
12H30
En sortant des cabines tu m’as pris par la main.
Je reste silencieuse, je sais que j’ai compris quelque chose mais que bien plus tard je m’en apercevrai.
Retour parking.
Tu sembles épuisé.
J’ai un peu peur, impression de premier rendez vous et de fin à la fois.
Tu réfléchis, puis me pose une question.
Tu crois connaître la réponse, je répondrai plus tard.
Il nous faut repartir à l’opposé d’un de l’autre, pour ce jour, demain on se verra et tous les autres jours aussi, des jours et quelques nuits.
Ta voiture démarre, je te suis pour retrouver la route.
J’ai oublié un truc, où ?
Je ne sais pas quoi.
Je stoppe, jette un œil à l’arrière de la voiture, ah oui c’est là.
Je me retourne.
Tu as disparu.
Ce n’est plus tard, bien plus tard que je comprendrai que ce jour là j’avais perçu le bruit du mal qui te rongeait et contre lequel je ne pouvais plus rien.
Tu m’avais offert ma seule journée d’été.
Isabelle Janvier - Août 2009 - Tous droits réservés