Dominique Strauss Kahn :
L’agonie d’un grand fauve.
Dominique Strauss kahn, plus familièrement appelé DSK est aujourd’hui encore sous les feux des journalistes et de la justice et il semble que des forces obscures soient contre lui et tentent de le déstabiliser.
De la MNEF à Nafissatou Diallo à l’affaire du Carlton, des vents contraires l’assaillent, lui à qui tout semblait réussir ces dernières années et qui se préparait à annoncer sa candidature à l’élection de la présidence de la République Française.
Brillant économiste, professeur admiré par ses élèves, une humanité et une simplicité que tous lui reconnaissent, mais qu’est-il donc arrivé à ce lion socialiste, ex Directeur Général du Fmi, pour que d’un coup plus rien n’aille dans sa vie?
Trop de pouvoirs, trop d’argent, trop de puissance l’auraient-ils conduit à des extrêmes et des abus d’autorité? Trop de tout lui aurait-il tourné la tête au point de prendre de si grands risques pour sa carrière, une carrière qu’il imaginait en point d’orgue avec une présidence française qui l’attendait sûrement puisqu’il était le seul à pouvoir réunir sous sa bannière l’ensemble de la population Française?
La justice tranchera encore une fois et nous ne nous immiscerons pas dans ce débat, mais quand même parfois on peut se demander à qui profite ses crimes, si crimes il y eut.
Aujourd’hui mis à terre, l’éléphant qui avait tant de mal à plier le genou peine à se relever, et au-delà des malversations, des erreurs et des infractions qu’il a peut-être commises, la justice statuera, il y a quelque chose de terrifiant et pathétique à le voir ainsi mis à mort. De la même façon qu’il est difficile de voir tuer un grand fauve, la chute de Dominique Strauss Kahn est difficile à regarder. Qu’on l’aime ou pas, l’acharnement dont il est l’objet dans un monde politique qui pratique couramment ce qui lui est reproché, ressemble à une mise à mort programmée destinée à le sortir définitivement de la vie politique et à lui ôter la plus infime de ses forces. Et puis, en imaginant l'horreur et le cynisme dont on l'accuse, devons-nous lui ressembler et hurler au loup avec les loups, ainsi que les loups? Etre loup à notre tour alors que nous revendiquons de l'humanité? Que nous lui reprochons d'avoir failli à l'homme sapiens sapiens, lui l'érudit? Certains d'entre-nous réprouvent les mises à mort, les jeux du cirque et des arènes et la plupart d'entre-nous avons été heureux de la suppression de la peine de mort, alors pourquoi parfois ne sommes-nous pas capables de laisser la justice suivre son cours, le punir si cela est nécessaire et lui ôter sa liberté, sans interférences violentes, comme si cet homme était devenu le support de toutes nos colères et de toutes nos indignations ? S'il a commis des crimes il paiera, mais de grâce, n'en faisons pas un bouc émissaire, c'est nous alors qui serions inhumains et injustes et loups parmi les loups.
RETROSPECTIVES
Dans la précédente l’affaire de la MNEF, il est poursuivi pour «faux et usage de faux». Les questions portent sur son rôle en tant que consultant lors de la négociation de l'entrée de la Compagnie générale des eaux (CGE) au sein d'une holding de la MNEF, à une époque où il exerçait la profession d'avocat d'affaires. À ce titre, il a perçu 603 000 francs de la mutuelle étudiante, en février 1997. La justice soupçonne une affaire de fausses factures visant à couvrir un emploi fictif dont il aurait bénéficié. Accusé d'avoir produit une fausse facture (il reconnaît l'avoir antidatée, mais sans intention délictuelle), il est mis en examen le 15 décembre 1999 puis est relaxé par le tribunal correctionnel de Paris le 7 novembre 2001.
Il est aussi l'objet de soupçons d’emploi fictif dans une filiale suisse du groupe pétrolier Elf Aquitaine pour un montant total de 192 000 francs. Il est mis en examen pour «complicité par instruction donnée et recel d'abus de biens sociaux» en janvier 2000, mais la juge d'instruction Eva Joly prononce un non-lieu à son encontre le 2 octobre 2001.
Dominique Strauss-Kahn est également mis en cause dans l’affaire de la cassette Méry. Il est notamment accusé d'avoir octroyé, en tant que ministre de l'Économie, une remise fiscale de 160 millions de francs au couturier Karl Lagerfel en échange de la remise par l'avocat de ce dernier d'une cassette contenant des aveux de Jean-Claude Méry, financier occulte du RPR.
Pendant cette période, plusieurs élus socialistes sont critiques à son égard. Ségolène Royal déclare que les personnalités politiques sont là «pour servir et pas pour se servir». Dominique Strauss-Kahn fait son retour en politique au niveau national en étant réélu député de la 8 ème circonscription du Val d'Oise avec 53,89 % des voix, le 1er Avril 2001. Il est alors considéré comme «premier ministrable» en cas de victoire de Lionel Jospin à l’élection présidentielle de 2002.
Après avoir été ministre délégué à l’industrie et au Commerce extérieur dans le gouvernement d’Edith Cresson en 1991, il conserve ce poste jusqu’en 1993 où la gauche perd les élections législatives, il devient ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie en 1997. Ce ministère régalien lui vaut d'être le chef de file des socialistes aux élections régionales de 1998 en Île-de-France, que la gauche remporte. Il joue alors un rôle de «Locomotive politique» et affirme ne pas vouloir troquer son mandat ministériel contre l'exécutif régional.
Alors qu'il est à l'origine du programme économique du PS qui prévoit la mise en place des 35 heures et des emplois jeunes, Lionel Jospin confie la mise en route de ce dispositif à Martine Aubry, ministre de l'Emploi et de la Solidarité, qui y était initialement hostile.
Bien que le programme économique du Parti socialiste, dont il a la charge, y soit opposé, la France doit, au tournant des années 1990-2000, se mettre en conformité avec les règlements adoptés par la Commission, le Conseil et le Parlement européens en matière de concurrence. Au cœur de cette période, au titre du ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, Dominique Strauss-Kahn supervise des ouvertures du capital engagées de longue date, comme celle de France Télécom ou certaines privatisations d'entreprises publiques qui n'ont selon lui plus vocation à rester dans le giron de l'État, après que celui-ci les eut remises sur pied au cours des seize années passées, depuis la vague de nationalisation de 1982. Ses détracteurs, au sein de la gauche antilibérale et de son propre parti, lui reprochent la responsabilité de «privatisations massives».
Une des figures de l'opposition
Après la défaite de Lionel Jospin et la réélection de Jacques Chirac lors de la présidentielle de 2002, Dominique Strauss-Kahn est réélu député dans la 8e circonscription du Val-d'Oise, avec 55,01 % des suffrages exprimés au second tour. Le PS devient alors le principal parti d'opposition.
Dominique Strauss-Kahn est successivement secrétaire national du PS (2002-2003), membre du bureau national du PS (2003-2005), secrétaire national du PS, chargé des élus (2005-2007). À la fin de l'année 2004, il réintègre la direction du PS en étant chargé, avec du projet socialiste pour 2007.
En parallèle, il co-fonde, en 2003, le club de réflexion «A gauche, en Europe» avec Michel Rocard. Il préside également, avec Jean-Christophe Cambadélis, le courant Socialisme et démocratie au sein du Parti socialiste.
Ayant privatisé nombre d'entreprises lors de son passage au gouvernement Jospin, il envisage dans La Flamme et la cendre (2002) l'ouverture de capital d'EDF pour permettre des partenariats industriels. Il s'oppose ensuite aux privatisations d'EDF et de GDF en estimant qu'elles ne s'insèrent pas dans des schémas industriels, mais considère qu'en l'état des finances publiques, la renationalisation d'EDF ne doit pas constituer une priorité d'un futur gouvernement socialiste.
Dominique Strauss-Kahn anime un des premiers blogs d'homme politique national qui font figure de référence. Il se positionne en faveur d'une refonte profonde du système universitaire, qui doit pour lui s'accompagner d'une augmentation très significative des moyens consacrés à l'enseignement supérieur. Constatant que le pourcentage d'une classe d'âge diplômé du supérieur est de 30 % en France contre 80 % en Corée du Sud ou en Suède. Dominique Strauss-Kahn insiste sur l'ampleur des changements à entreprendre. Ainsi, il déclare en 2006 : «Les universités françaises sont en train de plonger dans les palmarès internationaux. Il faut créer une concurrence entre les établissements et mettre fin à l'hypocrisie du diplôme unique. Ce qui n'empêche pas de garder le système dans le public et de conserver une vision égalitaire.» Il ajoute : «Pour moi, il n'y aurait pas de scandale à ce que la chaire de physique nucléaire de Paris-VI soit financée par EDF, si EDF trouve que c'est bon pour son image. Mais ce n'est pas dans les mœurs.»
En 2006, le PS organise une primaire pour choisir son candidat à l’élection présidentielle de 2007l. Dominique Strauss-Kahn se présente contre Laurent Fabius et Ségolène Royal. Incarnant la sensibilité sociale-démocrate, il compte sur la coopération de F. Hollande, mais il termine deuxième du vote des militants, avec 20,69 % des voix, loin derrière Ségolène Royal (60,65 %), qui l'emporte dès le premier tour et le devance y compris dans la fédération du Val-d'Oise.
À la suite de la défaite de Ségolène Royal à l'élection présidentielle, Dominique Strauss-Kahn appelle à une rénovation du PS.
Directeur général du Fonds monétaire international
En 2007, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker apporte son soutien à Dominique Strauss-Kahn en vue de la désignation du nouveau directeur général du Fond Monétaire International (FMI)..
En septembre 2007 Dominique Strauss-Kahn est nommé directeur général du FMI. Il prend ses fonctions le 1er novembre suivant.
Et c’est là que commencent les problèmes pour le représentant très charismatique du PS.
Furieux de n’avoir pas été choisi à la place de Ségolène, il s’est engouffré dans son nouveau statut de « Président du monde » avec une sorte de revanche à prendre.
Est-ce à ce moment-là qu’il est allé trop loin?
La nouvelle affaire qui l’atteint pourrait lui valoir 20 années de réclusion pénitentiaire, mais on peut espérer qu’il n’en sera rien et que le grand fauve pourra prouver son innocence, ou quelque chose qui s’en approcherait.