Pourquoi en temps de guerre, les femmes sont-elles toujours l’objet de désirs masculins primitifs et meurtriers ?
Par Claire Laforêt
Et quels monstres habitent les hommes ?
Cette année 2015 est l’année de l’Arménie, et il faut se souvenir du génocide qui en 1915 l’a atteint avec les deux millions de morts par tortures et sévices.
Il faut se souvenir du martyre de jeunes arméniennes, frappées, dénudées, violées, empalées sur des pieux avant d’être accrochées à des croix. Pas vraiment crucifiées, mais empalées et ensuite clouées jusqu’à ce que la mort survienne. Telles quelles ! Des images tellement difficiles à regarder que lors de l’élaboration du film Ravished Armenia " (1919), pour ne pas choquer les spectateurs on a préféré les montrer « seulement » crucifiées.
Des longues rangées de croix donc, pareilles à celles qu’ont dressé les islamistes pour des centaines d’enfants, il y a quelques mois.
Qui s’en souvient ?
Qui se souvient des exactions des hommes sur les femmes, dans l’histoire de l’humanité…
Quel homme s’en souvient assez pour ne pas les reproduire ?
La culture, l’éducation, les sociétés et même les religions ont tenté de faire taire l’animal en l’homme pour n’en exalter que l’âme et la spiritualité.
Et parfois, quand l’économie va bien, que le pouvoir d’achat est stable, qu’enfin les peurs de vivre et de mourir s’éloignent, nous pouvons presque croire à sa bienveillance et à sa fraternité.
L’homme dans ce qu’il a de meilleurs réfléchit alors à la faim dans le monde, aux conditions climatiques qui s’altèrent, aux espèces à protéger. L’enfance et l’art, les vieux et les pas beaux, les idéalistes et les utopistes peuvent alors exister « tout va bien dans le meilleur des mondes ! »
Hélas, il suffit qu’adviennent des incertitudes, pour que son instinct de mort reprenne le pas sur celui de la vie, et là sans plus de barrières ou de tabous, l’homme redécouvre, intacts ses instincts les plus primitifs, ceux des nébuleuses de sa préhistoire, ainsi que des ingéniosités accrues pour tuer dans le bonheur de tuer, faire souffrir dans la délectation de la chair torturée, salie et souillée.
Les islamistes n’ont rien inventé, les nazis non plus, les chrétiens très catholiques du Moyen-âge pas plus ; depuis qu’il existe, l’homme est une prédateur qui tue sans état d’âme, parfois avec plaisir, ce qui lui fait de l’ombre, lui résiste ou lui semble un danger.
Il est important que l’on se souvienne de ces femmes Arméniennes de 1915, violées, empalées sur des pieux, puis crucifiées, mais aussi de celles de ce Moyen Orient aujourd’hui en flammes et qui subissent le même sort ; celles de Berlin lors de l’arrivée des Russes, frappées, violées, tuées aussi par ceux qui disaient éradiquer le mal nazi ; j’ai pensé à ces femmes d’Algérie, brûlées et enfumées dans les grottes de Dahira par l’armée française lors de la conquête de l’Algérie en 1837, aux Africaines et aux vietnamiennes, enfin à toutes ces femmes qui dès qu’un conflit existe ou une guerre, deviennent l’objet des pires fantasmes d’hommes redevenus monstres des cavernes et je me suis demandée pourquoi.
Pourquoi, au-delà de tous les civismes inventés, les femmes redevenaient alors, le trophée absolu, sur lequel une masculinité brutale pouvait et avait le droit de s’exercer.
La lapidation des femmes adultères, suggérée par le Coran et les arabo-musulmans d’Arabie Saoudite, du Qatar ou du Yémen, relève je le crois, d’un obscur et primitif désir de viol, enfin autorisé.
En 1915, des centaines de femmes ont été battues, violées, empalées sur des pieux pointus et crucifiées ensuite, je l’ai déjà écrit je le sais, mais peut être qu’il faut l’écrire et l’écrire encore, le dire et le crier sans fin pour que peut-être ce soit entendu ou lu, compris ?
Pour que l’on se souvienne d’elles ainsi que de celles actuelles du Moyen Orient et de toutes les femmes qui dans le monde souffrent de la violence meurtrière des hommes ?
Ce matin, submergée par le poids des horreurs commises au nom de la justice ou de la morale, de croisades ou de revanches, j’ai cherché une idée à quoi m’accrocher pour ne pas désespérer des hommes et du monde.
Un juste, un seul, puisque paraît-il, si un juste sauve un homme, c’est l’humanité entière qui est sauvée ; alors une femme sauvée, une seule, pour qu’enfin elles le soient toutes ?
Rêver, rêver quand même que c’est possible… sinon que faire ?