Joanna Gober témoigne d'un long parcours et de l'action militante qu'elle entend mener pour aider les autres. Elle a déposé une requête de changement d'identité auprès du juge aux affaires matrimoniales du tribunal de grande instance d'Auch. Alors elle sera « en totale conformité avec sa véritable personnalité ».

Jusqu’à la cinquantaine, la vie de Joan, petit garçon, né à Paris, n’a pas été facile. Il a connu une grande solitude, pour ne pas dire un véritable calvaire. Une enfance vécue dans des familles d'accueil où il ne côtoie que des petites filles, et puis le pensionnat de garçons. Pour résister il dessine… Il y aura le service militaire en 1976. La boule à zéro, interdiction de maquillage… au bout de deux mois Joan est réformé pour « comportement féminin. » Il/elle cède aux conventions sociales, se marie, fonde une famille (3 enfants) alors que, toujours en quête de sa féminité il fait des sorties en travestie.

Une rencontre va changer son avenir, quelqu’un qui comme lui/elle a vécu cette crise identitaire. Joan est bouleversée, avec l'impression d’entendre sa propre histoire. Plus de doute, il lui faut franchir le pas qui va la ramener à ce qu’elle est véritablement.

Pourtant auparavant, il y aura un second mariage (heureux) puis brièvement une compagne avant qu’enfin elle décide de ne plus se mentir.

« Quand ma dernière fille a eu 18 ans, j'ai franchi le pas en sachant que je rentrais dans la discrimination sociale… J'ai été obligé de quitter mon emploi. »

Joanna a respecté le parcours protocolaire, suivi psychiatrique, hormonothérapie et chirurgie de réassignation sexuelle. Malgré une reconnaissance de la Sécurité sociale en affection de longue durée, le gouvernement traîne toujours les pieds pour un changement facile d'état civil.

Aujourd’hui, Joanna est très bien dans son corps et sa féminité. Elle a trouvé son équilibre et assume tout à fait sa transformation. Elle espère en finir avec la spirale qui l'a vue passer par 49 métiers, 20 villes et 3 pays.

Joanna, militante.

Sa souffrance sociale, familiale, Joanna veut l'éviter aux autres. Première étape, un débat à l'issue des représentations, au théâtre d'Auch, fin novembre, du « Mardi à Monoprix » avec Jean-Claude Dreyfus. L'acteur a donné son accord. « Il faut ne pas avoir peur de parler de ces problèmes. » Joanna devrait aussi témoigner chez Marc-Olivier Fogiel et dans un reportage de « Direct 8 ». Elle termine un deuxième livre sur le problème, où la juriste (bac plus quatre) qu'elle est, aborde tous les aspects légaux. Elle est correspondante sur le Gers de l'association Arc-en-ciel et participait dernièrement à un congrès à Barcelone.

Contacts : www.aectoulouse.com, ou 06 68 62 74 29.

Photo DDM, N. Debbiche