Publié le 26.03.2013
Slate.fr
La Syrie et son château de cartes à griller
Après deux ans de guerre civile, un million de réfugiés et plus de 70.000 morts, certains Syriens –et un président américain– cherchent toujours à protéger leurs propres intérêts plutôt que de sauver le pays.
Nous sommes en Turquie, en plein cœur d'Alexandrette. Autour d'une assiette de kebab, le médecin et religieux syrien Mahmoud al-Husseini explique pourquoi il ne s'est pas encore rendu au camp de réfugiés d'Atmeh, au nord de la Syrie, à quelques 90 kilomètres de là. «Je suis trop célèbre, je ne veux pas y aller et me faire photographier», se justifie-t-il.
On sent comme une esquive. Husseini est l'ancien responsable des dotations religieuses pour la ville d'Alep, et bien qu'il ait quitté la Syrie à l'été 2011, il se targue toujours d'une grande influence à l'intérieur du pays. Mais c'est une influence qui demeure inexploitée. Pour lui, les individus qui visitent le camp sont des «vedettes de la révolution», à la recherche des caméras qui les immortaliseront aux côtés d'un pauvre petit réfugié. Il évite donc toute implication, c'est plus simple.
Comme de nombreux Syriens, les opinions d'Husseini sur le désastre qui se joue de l'autre côté de la frontière sont aussi fortes que contradictoires. Il croit que l'opposition syrienne en exil suit des intérêts étrangers et qu'elle est financée par de l'«argent politique». Il est aussi persuadé que la crise pourrait se terminer par un simple «coup de fil d'Obama», s'il est suffisamment menaçant. Mais il explique aussi que ce n'est pas le moment d'endiguer le fanatisme religieux qui commence à s'installer au sein des lignes rebelles, parce qu'«il faut d'abord faire cesser les massacres».
Et quel est son plan, justement, pour mettre fin au massacre? Former un nouveau groupe d'opposition. Selon ses dires, son très sélect «Mouvement pour la Construction de la Civilisation» compte 100 des plus importantes figures politiques et sociales syriennes. Mais il ne peut me donner qu'un seul nom, parmi toute cette énigmatique centaine. Quelle est leur stratégie? Et pourquoi ne veut-il pas révéler leurs noms? Sa réponse: «Ils vont être grillés.» (Au sens figuré, bien évidemment).
Certains choix nous définissent
Cette réponse, on l'entend souvent en Syrie ces jours-ci. L'issue incertaine de cette révolte sanglante, qui dure depuis maintenant deux ans, fait que bon nombre de Syriens ont fondamentalement décidé de ne rien décider et de taire leur position vis-à-vis du conflit. Et quand on leur demande pourquoi, ils répètent tous la même chose: «Je ne veux pas griller mes cartes.» Les personnalités syriennes sont donc nombreuses à attendre, assises sur la barrière, le bon moment pour s'impliquer –mais pas avant d'avoir la garantie que leurs intérêts personnels seront protégés.
En janvier, quand nous faisions l'aller-retour entre la Turquie et la Syrie pour rencontrer des combattants rebelles, des réfugiés et des politiques, notre groupe de journalistes, d'écrivains et de militants syriens en était venu à blaguer de ce dicton du «ne grille pas tes cartes». Il leur suffisait de «.......» [complétez les pointillés] pour nous faire hurler de rire, avant de les regarder griller effectivement leurs cartes. En l'espèce, ce pouvait être n'importe quoi: se faire photographier avec un réfugié, faire connaître ses véritables convictions politiques, aller en Syrie, ne pas aller en Syrie.
Et le dicton dit vrai: dans le climat politique tendu que connaît actuellement la Syrie, certains choix vous définissent. Est-ce que vous soutenez l'intervention étrangère, ou non? Les rebelles? La barbarie de Jabhat al-Nosra et ses liens avec al-Qaida? Même la distribution de l'aide humanitaire peut susciter tout un tas de questions: pourquoi donner de l'argent aux réfugiés, quand vous devriez aider les Syriens restés en Syrie? Pourquoi aider les réfugiés du camp jordanien de Zaatari, et pas les déplacés des camps situés en Syrie?
Des questions aussi périlleuses que celles-ci sont toujours à fragmenter l'opposition syrienne. Le mois dernier, la Coalition nationale syrienne, le groupe de coordination de l'opposition reconnu par la communauté inernationale, n'a pas cessé de jongler entre des déclarations et leurs démentis, entre des boycotts décidés du jour au lendemain et des levées de boycott décidées dans l'heure. Quant au Conseil national syrien (CNS), son bloc majoritaire dominé par les Frères musulmans, il n'a pas cessé de contrarier ses plans visant à faire sortir Assad et l'opposition de l'impasse –montrant combien des intérêts personnels peuvent prendre le pas sur les intérêts nationaux.
Fin février, par exemple, le leader de la coalition, Moaz al-Khatib, annonçait à la dernière minute vouloir boycotter la réunion à Rome des «Amis de la Syrie», pour protester contre le tir d'un missile Scud sur Alep, responsable de dizaines de morts et de quartiers résidentiels réduits à néant. Quand le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a sollicité, en personne, la présence de la coalition, en promettant un soutien américain accru, Khatib a changé d'avis. Mais le CNS a préféré maintenir le boycott, ce qui fait que le leader de la coalition fut le seul à assister au sommet, donnant encore une fois le spectacle d'une opposition divisée.
Khatib et le CNS ont aussi ferraillé sur la décision unilatérale du leader de la coalition –annoncée sur sa page Facebook– d'ouvrir des négociations avec le régime. Pour certains Syriens, l'initiative était un aveu de faiblesse quand, pour d'autres, entamer des pourparlers était le seul moyen d'avancer. Mais, en coulisses, d'aucuns ont vu la colère du CNS comme une simple mascarade à destination du public. Ainsi, une figure de la rébellion syrienne justifiait son opposition au projet de Khatib en expliquant que «bon nombre de membres de la coalition ont eu peur de griller leurs cartes s'ils soutenaient ouvertement l'initiative de dialogue».
La Syrie n'est pas la Libye
Avec ce genre de réactions, on voit bien comment les nouvelles personnalités politiques syriennes en sont toujours à courir derrière leur quart d'heure de gloire. De conférence en conférence, ils se targuent de telle déclaration ou de tel boycott, comme s'il s'agissait de réussites majeures. Au lieu de coopérer les uns avec les autres, ils se tirent tous dans les pattes sur les chaînes câblées arabes ou les réseaux sociaux. Et ces chicanes ridicules déconnectent encore un peu plus l'opposition du peuple syrien qu'elle prétend représenter.
Face à cette comédie, certains Syriens commencent à perdre patience et accusent de plus en plus l'incompétence de leurs soi-disant leaders. L'ancien haut fonctionnaire des Nations unies, Samir Shishakli, a ainsi vivement critiqué la manie de Khatib de passer outre la coalition, mais aussi le travail de sape de ses rivaux. Le 4 février, c'est un réquisitoire acerbe contre l'état de l'opposition politique qu'il postait sur son célèbre blog: «Je ne peux concevoir que l'opposition soit tombée aussi bas, en manœuvrant sans prendre la révolution en compte, tout en prétendant que la révolution est l'unique source de sa légitimité», écrivait-il.
Mais il faut aussi reconnaître le dilemme auquel les forces anti-Assad sont confrontées. A court terme, le plus probable, c'est que l'opposition politique en exil reste en exil. Leur demander d'établir leur QG sur le territoire syrien, pendant que les scuds d'Assad continuent à pilonner le nord, revient à leur demander de signer une lettre de suicide collectif.
Et nous revenons, encore une fois, au cliché du Printemps arabe: la Syrie n'est pas la Libye. Sans zone protégée à l'intérieur de la Syrie, impossible de forger une opposition politique et militaire unie. Ce qui n'empêche pas plusieurs membres de la coalition de pénétrer de temps en temps le nord de la Syrie, sous protection des rebelles –début mars, Khatib a ainsi effectué une visite surprise de la ville de Minbej. La coalition s'est aussi davantage impliquée dans la distribution de l'aide humanitaire, dans l'assistance aux conseils civils et dans la surveillance d'élections locales.
Bien évidemment, les dissensions ne sont pas limitées à l'opposition syrienne. Ces dernières semaines, la mésentente des hauts responsables de Washington a elle aussi été patente. Personne ne semble pouvoir se mettre d'accord sur ce qu'il faut faire –ou ne pas faire– en Syrie. Cela fait des mois que la CIA, le département d’Etat et de le département de la Défense ont accepté que les Etats-Unis livrent des armes aux groupes rebelles modérés. Mais en plein cœur de sa campagne de réélection, Obama ne l'a pas entendu de cette oreille. Depuis, on estime à 20.000 le nombre de morts supplémentaires en Syrie –le rappel est brutal, mais la politique de l'inaction américaine a des conséquences réelles.
Quelle marque laissera la Syrie sur le legs politique d'Obama? L'inaction du président au prix Nobel de la paix pourrait passer aux pertes et profits, et devenir quelques lignes de regret sur les «années syriennes» rédigées dans ses futures mémoires, mais elles ne pourront effacer cette réalité tragique: plusieurs milliers de vies auraient pu être sauvées, mais elles ne l'ont pas été, à cause d'une élection ou des intérêts d'un proche allié.
Pendant ce temps, le régime syrien, avec ses partisans et ses alliés, n'a mis en œuvre qu'une seule et unique stratégie: Assad, ou nous réduirons le pays en cendres. La procrastination des supposés alliés internationaux de l'opposition a donné du temps à Assad –le temps d'ouvrir les frontières du pays aux loups, ceux-là mêmes qui se sont engouffrés dans le pays armés de munitions et d'idéologies étrangères au tissu bigarré de la société syrienne. Du temps pour tuer davantage de Syriens.
Le temps de griller des vies d'innocents
Carte après carte, Assad a pu satisfaire ses instincts incendiaires –et griller, littéralement cette fois-ci, des vies d'innocents, d'enfants, des maisons et des villes entières. Mais il a aussi grillé les cartes de justice, de liberté et de dignité dont s'étaient emparé des centaines de révolutionnaires de la première heure, à l'instar du leader kurde Mashaal Tammo, du jeune pacifiste Ghiyath Matar et de l'intellectuel de gauche Omar Aziz.
Malgré le pitoyable bilan de la communauté internationale depuis le début du conflit, on ne peut s'empêcher d'espérer que, peut-être, cette fois-ci, quelqu'un se décide enfin à faire ce qu'il faut. Il est temps d'arrêter l'assassinat d'un pays. Il est temps d'utiliser toutes les cartes disponibles –de négocier et de combattre, d'offrir à l'opposition politique une zone protégée à l'intérieur de la Syrie, d'aider les populations souffrant de la faim, du froid et des maladies, de s'opposer au fanatisme et à l'extrémisme et de bousculer le monde pour qu'enfin cesse sa léthargie et son ambivalence. C'est une issue dont tout le monde, d'Husseini à Obama, aurait de quoi être fier.
La Syrie n'a plus beaucoup de temps. Plus de 70.000 Syriens n'en ont déjà plus. Deux années, cruelles, se sont déroulées sous nos yeux –et nous pensons toujours à notre legs politique, à nos intérêts personnels, à notre pouvoir, à sauver la face et à nos adversaires politiques. Nous sommes, toujours, accrochés à ces cartes absurdes que nous cachons contre notre poitrine pendant que des centaines de Syriens meurent chaque jour.
Grillons tous les cartes. Il est temps de faire tapis.
Publié le 26.03.2013
Le Figaro.fr
La Grande-Bretagne restreint les droits sociaux des immigrés
David Cameron veut réformer un système trop laxiste. Dans l'espoir de décourager les candidats à l'immigration, il entend réduire leurs prestations sociales.
La Grande-Bretagne cherche à réduire l'arrivée d'immigrés en restreignant leur accès aux prestations sociales. David Cameron a annoncé lundi une série de mesures destinée à limiter les droits des immigrés en matière d'aide au logement, d'indemnité chômage et de couverture maladie. Le premier ministre a estimé que le système actuel était trop laxiste et qu'il ne devait pas être «un droit automatique».
Selon les nouvelles règles, les immigrants ne pourront prétendre à un logement social qu'après cinq ans dans le pays. Ceux qui sont d'origine extracommunautaire pourraient être bannis du système de santé national gratuit et devront souscrire une assurance privée. «Soyons clairs: nous avons un service de santé national (National Health Service, NHS), ce n'est pas un système de santé international», a déclaré David Cameron, dénonçant le «tourisme médical».
Limiter les indemnités chômage
Il a annoncé à cet égard son intention de récupérer 10 à 20 millions de livres (11,5 à 23 millions d'euros) par an auprès d'autres États européens, représentant les sommes consacrées par le NHS à soigner les ressortissants communautaires. Selon le ministre de la Santé, cette somme serait plus proche de 200 millions de livres (230 millions d'euros), ce qui n'équivaut encore qu'à 0,2 % du budget du NHS.
Le gouvernement entend également priver d'indemnités chômage (plafonnées à 85 euros par semaine) les Européens sans emploi depuis au moins six mois s'ils n'ont pas une réelle chance de retrouver un travail. Un porte-parole de la Commission européenne a laissé entendre que la légalité communautaire de ces propositions devait être vérifiée.
David Cameron espère ainsi décourager les candidats à l'immigration. Avec la montée de l'United Kingdom Independence Party (UKIP), parti souverainiste désormais crédité de 14 % d'intentions de vote, la question de l'immigration s'est imposée au centre du débat en Grande-Bretagne.
Les trois partis traditionnels se sont récemment prononcés pour un contrôle plus strict des arrivées. Même le libéral-démocrate (centriste) Nick Clegg a évoqué la semaine dernière l'idée d'exiger une caution de 1000 livres pour les demandeurs de visas en provenance de pays «à risques». «Ils jouent sur notre terrain maintenant», s'est amusé Nigel Farage, leader de l'UKIP.
La crainte d'une vague d'arrivée de Roumains et de Bulgares
Cameron s'est engagé à faire passer l'immigration nette sous la barre de 100.000 personnes par an d'ici à 2015, contre 163.000 l'an dernier. Un chiffre, qui a déjà été réduit d'un tiers en an, principalement en raison de la diminution du nombre d'étudiants étrangers. Le gouvernement cherche à répondre aux inquiétudes de la presse populaire évoquant l'arrivée d'un flot de Roumains et de Bulgares après la levée de leurs restrictions de travail dans l'Union européenne l'an prochain.
Des chercheurs soulignent cependant que les immigrés contribuent plus à la richesse nationale du pays, notamment par leurs impôts, qu'ils ne lui coûtent en prestations sociales. Selon une étude de l'University College London, le surplus était de 37 % en 2009, contre un déficit de 20 % pour les Britanniques de souche. Sur 2,2 millions d'immigrés venus d'Europe de l'Est depuis 2004, seuls 12.850 touchaient une allocation chômage il y a un an. Et les étrangers sont, proportionnellement, moitié moins nombreux que les Britanniques parmi les bénéficiaires de logements sociaux.
Publié le 26.03.2013
Le Figaro.fr
Paris veut des moutons pour tondre ses parcs
Plus besoin pour les petits Parisiens d'attendre le Salon de l'agriculture pour caresser les moutons. Bientôt, ils pourront croiser des moutons d'Ouessant dans leurs squares...
Des moutons en ville! Mieux, des bêlements à Paris. De quoi faire sourire les Parisiens, qui ont souvent des origines provinciales. Ils sont déjà au moins 170 à brouter les pelouses des entreprises d'Ile-de-France et la Mairie de Paris, qui n'entend pas se laisser distancer sur les sujets avant-gardistes d'environnement, compte désormais les expérimenter pour l'entretien de ses espaces verts. Plus besoin pour les petits Parisiens d'attendre le Salon de l'agriculture pour caresser les moutons dans la capitale. Bientôt, ils pourront les croiser dans les squares!
Car la direction des espaces verts et de l'environnement de Paris vient d'acheter quatre moutons d'Ouessant. «Il s'agit dans un premier temps, explique-t-on à la mairie, de voir comment les animaux en ville peuvent rendre des services notamment en matière d'environnement. Mais nous voulons aussi créer du lien social autour et grâce à eux.»
Voués à disparaître
Mis à l'épreuve et expérimentés jusqu'en octobre 2013 sur un terrain des archives de Paris (XIXe), les «moutons tondeuses» pourraient bientôt aller brouter au bois de Boulogne ou au bois de Vincennes avant de découvrir les «pâturages» d'autres parcs de la capitale.
Trop petits pour être consommés ou utilisés pour leur laine, les moutons d'Ouessant (originaires de l'île éponyme) sont très célèbres. Malheureusement, ils semblaient voués à disparaître dans les années 1970. Leur nombre avait diminué et les bergers les boudaient. Retournement de situation aujourd'hui, puisqu'ils ont trouvé une activité digne de leur histoire.
Moins polluante et moins bruyante que n'importe quelle tondeuse, cette race rustique vit en extérieur toute l'année. Elle ne demande pas beaucoup d'entretien. Sa légèreté et sa taille réduite (moins de 50 cm au garrot) permettent d'éviter toute détérioration des espaces verts. Noirs, blancs ou bruns, ces moutons d'Ouessant font en continu le labeur d'un paysagiste pour 25% moins cher.
«La pause cigarette remplacée par la pause mouton»
Mais comment le mouton d'Ouessant a-t-il débarqué sous la tour Eiffel? Par Sylvain Girard, qui a fait une prépa vétérinaire et une école de commerce. Aujourd'hui, ce chef d'entreprise a créé Ecomouton, sa boîte de «moutons tondeuses», dans la région parisienne il y a un an. «Au départ, j'avais des moutons autour de mon site de logistique, puis j'ai proposé mes services à d'autres entreprises un peu plus éloignées. Et j'ai été surpris de l'engouement suscité par ma petite affaire.»
Sa prestation? Un contrat un peu décalé... Il est annualisé, comprend la livraison des bêtes sur un site, leurs soins, l'assurance et la visite régulière d'un berger. «Ça fait un petit moment que la location de moutons existe au niveau local entre particuliers, mais les grosses entreprises recherchaient une prestation clés en main.»
Parmi les premiers clients franciliens, Norbert Dentressangle, Carrefour et même GDF à Colombes. «Sur les sites de stockage de gaz Seveso, nos tondeuses ne font pas d'étincelles!», plaisante le jeune patron. Viables au niveau économique et écologique, les 260 moutons de l'entreprise à l'échelle de l'Hexagone ont aussi un impact psychologique. «Ce n'est pas tous les jours que Paris importe des animaux et que le savoir-faire de la Province débarque dans la capitale!»
240 euros par mois
Une véritable animation s'est en tout cas créée autour des sites industriels. «La pause cigarette a été remplacée par la pause mouton dans ces entreprises-là», s'amuse Sylvain, qui imagine déjà, au printemps, des tables de pique-nique à côté des bêtes. «Ces moutons, insiste le jeune PDG, apportent la nature à Paris. Il s'agit d'une autre façon de vivre, d'un retour à nos racines.»
Si vous étiez intéressé, sachez qu'il faut compter au minimum 240 € par mois pour deux moutons sur 3000 mètres carrés. Pour les surfaces moindres, on garde sa tondeuse: la bête a besoin de place pour exercer pleinement son art.
Publbié le 26.03.2013
L’expess.fr
Express yourself
« Seules 13% des entreprises font don de leurs invendus »
La nécessité de l'aide alimentaire est dans toutes les bouches mais qu'en est-il de son pendant moins connu et pourtant aussi indispensable: l'aide non alimentaire? L'Agence du don en nature fait le point.
Nous parlons beaucoup, en ce moment, de l'aide alimentaire; mais qu'en est-il de l'aide non alimentaire? Au-delà de l'alimentation et du logement, il convient aussi d'assurer l'hygiène corporelle -gels douches, shampoings, couches-culottes...-, de faciliter le quotidien des familles -produits électroménagers, lessives, poussettes...-, ou la fréquentation scolaire -fournitures scolaires, cartables....
Se nourrir et avoir un toit, c'est survivre. Mais se laver, avoir des vêtements propres, des ustensiles pour préparer à manger, ou des stylos neufs pour aller à l'école, c'est vivre dignement. Cela concerne les 8,6 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté en France, en marge des normes de la société, privées d'un ensemble de biens de première nécessité, essentiels à l'insertion, à l'épanouissement, à la dignité.
400 millions d'euros de produits neufs, souvent détruits
Le paradoxe est que le potentiel de don de produits neufs est massif: chaque année, en France, plus de 400 millions d'euros de produits neufs sont sortis des circuits commerciaux et souvent détruits! Cela représente plus de 75 millions d'unités de biens de consommation non-alimentaires , selon une étude A.T.Kearney, de 2010. Il s'agit de produits obsolètes d'un point de vue marketing: fin de séries, queues de promotion, changement de packaging ou de formulation, etc. Des produits neufs, de qualité, parfaitement aptes à la consommation.
Une étude d'Opinion Way et de l'Agence du Don en Nature sur la gestion des fins de stocks des PME, réalisée en janvier 2013 sur un échantillon de petites et moyennes qui appartiennent à l'industrie des biens de consommation, montre que seules 13% d'entre elles donnent leurs invendus. Et plus des deux-tiers préfèrent laisser dormir ses stocks, ne sachant pas à qui donner! On le voit: il existe des besoins et "une offre": des stocks de produits non alimentaires, disponibles au don.
Dès lors, tous les ingrédients sont en place pour que l'aide non alimentaire s'accélère et que nous puissions en faire bénéficier les populations les plus démunies qui ont en le plus besoin. C'est la mission de l'Agence du Don en Nature (ADN) qui a mis en place en 2009 une passerelle entre les industriels et les associations qui luttent contre l'exclusion. De manière pragmatique, ADN collecte les surplus non alimentaires et les redonne à son réseau d'associations partenaires en s'engageant à ce que les produits ne se retrouvent pas sur les marchés parallèles.
En quatre ans, ADN a redonné plus de 22 millions d'euros de produits à 360 associations sur toute la France.
www.adnfrance.org