AFP
Publié le 14.11.2012
Irak: quinze morts dans une série d'attentats à la bombe
Quinze personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées mercredi en Irak dans une série d'attentats à la bombe, à la veille de Muharram, qui marque le nouvel an musulman, ont rapporté des sources médicales et sécuritaires.Ces attaques remettent une fois de plus en question la capacité des forces de sécurité irakiennes à assurer la stabilité du pays qui se remet à peine d'un sanglant conflit interconfessionnel.
Les attaques n'ont pas été revendiquées, mais les combattants sunnites de l'Etat islamique en Irak (ISI), branche d'Al-Qaïda dans le pays, tentent fréquemment, par le biais d'attentats sanglants, de déstabiliser le gouvernement du chiite Nouri al-Maliki.Les attaques les plus meurtrières se sont produites mercredi matin dans le nord du pays, à Kirkouk et dans la province du même nom, région riche en hydrocarbures que se disputent la région autonome du Kurdistan et le gouvernement fédéral irakien.
Dans la ville de Kirkouk, l'explosion de deux voitures piégées et d'une bombe placée en bord de route a fait cinq morts et 34 blessés.L'une des attaques est survenue à proximité des bureaux du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, président du Kurdistan, situés dans un quartier à majorité kurde."Mon enfant a été tué! Ses amis ont été tués! Il n'y a pas de sécurité! Nos maisons ont été détruites", criait Choukriyah Rauf, une habitante, en kurde peu après l'attentat.
A Hawijah, dans la province de Kirkouk, quatre personnes ont été tuées et cinq autres blessées dans un attentat à la voiture piégée qui visait une patrouille de l'armée irakienne.Près de Hilla, le chef-lieu de la province de Babylone, située au sud de Bagdad, cinq personnes ont péri dans l'explosion de plusieurs voitures piégées sur un parking proche d'un marché, 45 autres ont été blessées.A Bagdad, sur la place Fardaous, où se dressait jadis une statue de Saddam Hussein, une autre voiture piégée a tué une personne et en a blessé six autres.Enfin, à Baladrouz, 75 km au nord de la capitale, un attentat, également commis à l'aide d'une voiture piégée a fait six blessés.
Ce nouvel accès de violences survient à la veille de Muharram, qui marque le début de l'année musulmane.
Publié le 13/11/2012
20minures.fr
Psychiatre jugée pour homicide involontaire: «Si elle est condamnée, tout le monde est condamné»
INTERVIEW – La profession s'inquiète de la possible condamnation d'une psychiatre jugée ce mardi à Marseille à la suite d'un meurtre commis par son patient...
Le Dr Danièle Canarelli, médecin psychiatre à Marseille doit répondre ce mardi après-midi d'homicide involontaire devant le tribunal correctionnel après un meurtre commis par un de ses patients. C'est la première fois en France qu'un praticien est jugé pour sa mise en cause dans le cadre du suivi d'un de ses malades. 20 Minutes a demandé son avis au Dr Jean-Claude Pénochet, président du Syndicat des psychiatres des hôpitaux.
Comment réagit la profession face à la mise en cause d’une consœur?
Nous avons un sentiment d’injustice et d’inquiétude. Ce qui lui arrive va pouvoir arriver à chacun d’entre nous. En principe, le médecin a obligations de moyens, et, tout à coup, on nous demande une obligation de résultats.
Comment aurait dû agir le Dr Danièle Canarelli?
A-t-elle mis tous les moyens en place? Oui. Le docteur Canarelli a observé le patient pendant de longs mois. Elle a reconnu une psychose, et a appliqué le traitement adapté. Elle ne fait pas de faute. Elle cherche la meilleure solution thérapeutique, avec moins d’effets secondaires pour le patient.
Peut-on considérer qu’elle s’est montrée imprudente?
Elle a une relation de confiance avec ce patient. Lorsqu’il s’est rendu aux urgences, on l’a appelée et elle a accepté de le rencontrer dans les deux heures. Il se rend alors seul et à pied jusqu’à son cabinet et attend calmement dans la salle d’attente. Il était demandeur de soins. Elle l’a reçu rapidement, et en compagnie d’un infirmier. C’est déjà remarquable. Elle lui propose une hospitalisation qu’il refuse. Quand il s’est enfui, Danièle Canarelli a prévenu les forces de l’ordre et envoyé des infirmiers à son domicile. Je trouve fort surprenant que Danièle Canarelli se retrouve seule à la barre.
Où s’arrête le rôle du psychiatre?
Le psychiatre est là pour soigner le malade et protéger la société. Il faut que la profession soit responsable, mais cela ne peut se faire que dans un climat de confiance. La montée en puissance du droit des victimes est tel qu’il faut à tout prix trouver un coupable. On voudrait qu’il y ait un risque zéro, mais la dangerosité d’un patient est très difficile à prévoir. Parfois on les empêche de sortir. Mais notre rôle est de les soigner, on ne doit pas priver quelqu’un de liberté indûment. Le docteur est un bouc émissaire. On ne peut pas tout prendre sur nos épaules.
Quelles seraient les conséquences d’une condamnation du Dr Canarelli?
Nous sommes tous désolés pour la victime et pour le patient. Mais dans le cas présent, la psychiatre a traité son patient, elle a mis tous les moyens en place. Si on doit être condamné à chaque fois qu’on prend un risque, on gardera enfermés tous les patients pour lesquels on a un doute. On rentre dans un système sécuritaire. Si Danièle Canarelli est condamnée, tout le monde est condamné. Que se passera-t-il ? Nous allons protester, peut-être manifester. Mais nous ne dirons pas que nous allons courir moins de risques et retenir les malades à l’intérieur. En revanche il y aura moins de jeunes pour faire ce métier.
Cette situation est-elle symptomatique de problèmes plus profonds dans la profession?
Cela fait vingt ans qu’on dit que la psychiatrie est en souffrance. Il y a certainement des choses à faire pour améliorer le suivi. 25% des postes de psychiatres sont inoccupés. Mais encore une fois, en l’occurrence, le problème n’était pas un manque de moyens.
Propos recueillis par Aurélie Delmas