A Bangkok, le sanctuaire d’Erawan rouvre au public
Moins de quarante-huit heures après l’explosion qui a frappé le centre de Bangkok, tuant au moins vingt personnes, dont une dizaine d’étrangers, et en blessant plus de cent quarante, le sanctuaire hindouiste d’Erawan où a été déposée la bombe artisanale a rouvert au public, mercredi 19 août.Ce petit temple hindou, dédié au dieu Brahma, révéré dans ce pays par ailleurs majoritairement bouddhiste, est situé à proximité de centres commerciaux et d’hôtels de la capitale, est très fréquenté, en particulier des touristes asiatiques. Plusieurs moines bouddhistes y ont tenu une petite cérémonie et de nombreuses personnes sont venues s’y recueillir, déposer des fleurs ou allumer des bâtons d’encens. Le cratère de la bombe a déjà été recouvert par du ciment blanc.La veille, un petit engin explosif a été lancé d’un pont sur des passants, sans faire de blessé, mais contribuant à l’atmosphère pesante qui règne dans la capitale. L’incident a eu lieu près du fleuve Chao Phraya et de grands hôtels, dans une zone touristique de la ville. La police a indiqué en fin de journée que la bombe (de type artisanal, de la TNT dans un tube de métal) était du même type que celle responsable de l’attaque de la veille.Pour le chef de la police nationale Somyot Poompanmoung, les deux attaques, non revendiquées, ont été perpétrées par le ou les mêmes auteurs membres d’un « réseau », dont certains pourraient être étrangers. « Nous recherchons aussi d’autres suspects en liaison avec cet attentat. Ce genre d’attentat n’est généralement pas planifié par une seule personne », a dit le porte-parole de la police nationale, Prawut Thawornsiri.Un suspect de nationalité étrangère a brièvement été arrêté à l’aéroport de Suvarnabhumi parce qu’il ressemblait à l’homme au sac à dos et au tee-shirt jaune identifié par les autorités grâce à des images de caméras de vidéosurveillance. Il a été relâché mais a toujours l’interdiction de quitter le territoire. Mais les images de l’homme en jaune ont été largement diffusées dans le pays et à l’étranger.Selon les autorités, aucune piste n’est exclue. Si le ministère des affaires étrangères thaïlandais a jugé qu’il était « trop tôt pour déterminer les motivations potentielles ou l’identité des auteurs » de l’attentat,Prayuth Chan-ocha, le premier ministre, à la tête de la junte, a pris moins de précautions, affirmant que le « suspect » identifié sur la vidéo serait « originaire du nord-est du pays ». Une façon de dire qu’il pourrait appartenir au mouvement des « chemises rouges », soutien de l’ancien gouvernement de Yingluck Shinawatra, chassé par un coup d’Etat militaire en 2014.En 2014, Bangkok avait été paralysée durant des mois par les « chemises jaunes », adversaires du « clan » Shinawatra et représentant les partisans d’élites dirigeantes ultraroyalistes et opposées à la démocratie. Les manifestations avaient fait une trentaine de morts lors de différents incidents, notamment des jets de grenade. En février de cette année, deux petites bombes avaient explosé près d’un supermarché de Bangkok, faisant un blessé. Mais l’explosion faisait plus figure d’avertissement, rien à voir avec la volonté meurtrière démontrée lundi.Pour comprendre le contexte politique : Carnage dans le centre de Bangkok