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Eh oui, la guerre sévit, les colères grondent et les «raisins de la colère» murissent vitesse grand V, mais dans le monde émergent des libertés nouvelles et j’ai envie de vous dire que la beauté et la tendresse toujours peuvent nous bercer, avec la force et la joie, regardez cette vidéo et laissez-vous porter par la douceur d’un monde originel, le nôtre que nous prenons si peu le temps d’aimer…


 

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L'érotisme dans un journal sérieux ?

Certainement, car la sexualité fait autant tourner le monde que l'économie.

Nouvelles, grands classiques de la littérature, mais aussi reportages et web-expos, vous êtes sur le seuil de notre rubrique lubrique.

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Inclus: Le Diabétique Gourmand, des recettes goûteuses et light.

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Fariba Hachtroudi

Par Mahia Alonso

Fariba Hachtroudi

 

Une femme qui ne veut pas laisser

le dernier mot à la peur!

 

« L’écriture s’est imposée à moi, je devais dénoncer ce qui se passait en Iran. »

Familière des plateaux de télévision où elle est  fréquemment invitée, l’écrivaine et journaliste franco-iranienne Fariba Hachtroudi dénonce haut et fort le sort des femmes d’Iran, son pays dont elle dit qu’il est sa «passion-douleur».  Elle vient de créer un prix littéraire en Inde, son pays de cœur.

 

Dimanche 14 octobre, Fariba s’est envolée pour Pondichéry, en Inde du Sud,  où elle réalise un vieux rêve: elle vient de créer le Prix littéraire Gitanjali qui y sera décerné pour la première fois le 7 décembre 2012 sur le  thème:

 

Résistance, Indépendance, Liberté, grâce à ses fidèles partenaires, le consul de France Pierre Fournier et la famille Dominic, propriétaires et actionnaires du groupe hôtelier CGH-Earth. Avant son départ, elle nous en a longuement parlé, nous confiant aussi ses «coups de gueule» contre «les ennemis de la liberté et de la dignité humaine».

Née à Téhéran, Fariba vit en France depuis son adolescence, elle a obtenu son doctorat d’art et d’archéologie à la Sorbonne mais par soif de  justice, elle opte  pour le journalisme.  Outre les reportages sociaux et politiques sur l’Iran et la région (1982-1985), Fariba couvre la guerre Iran-Irak pendant cette période pour les médias européens et américains. Malgré la fatwa (ennemie de Dieu) qui la condamne à mort, fin 1985 début 1986, elle entreprend un voyage clandestin en Iran pour vivre de l’intérieur la vie de ses compatriotes. L’Exilée (réédité en 2009 sous le titre de Khomeiny Express) son premier livre, relate en partie ce périple hallucinant. Suite à ce voyage, Fariba Hachtroudi s’engage activement contre la théocratie en militant au sein du Conseil National de la Résistance qu’elle quitte en 2002 pour se consacrer à l’écriture et a publié plusieurs livres au Seuil, chez Gallimard ou à Encre d’Orient chez Erick Bonnier:

«La plume est désormais ma seule arme de lutte  pour les droits de l’Homme… et de la Femme!» 

 

Fariba Hachtroudi 

(photo Mahia Alonso)

 

 

Son grand père, l’ayatollah Esmaïl Hachtroudi, est une grande figure de la révolution constitutionnaliste qui s’est battu contre la Charia, au début du XXe siècle, pour un islam démocratique et humaniste. Son père, Moschen Hachtroudi, éminent mathématicien, éduqué en France, a également lutté pour la démocratie et pour l’égalité notamment entre l’homme et la femme:

«Il nous a poussées, nous ses filles, à être indépendantes et libres et moi je me suis battue depuis la république islamique, en tant que journaliste, écrivaine, et après j’ai été militante pendant des années… A un moment je me suis dit il faut que j’y retourne.»

 

Son ami l’écrivain Gil Jouanard, (membre du jury du Prix Gitanjali avec Hubert Haddad et Ananda Dévi) la conforte dans ce projet et la persuade que sur le plan médiatique international, le gouvernement avait tout à gagner à laisser entrer et repartir librement du pays celle qui était désignée comme une «terroriste». En 2006, à l’occasion du centenaire de son père, elle revient donc en Iran de façon officielle.

«Je suis revenue pour dire à ces messieurs que l’Iran, c’est des millénaires d’histoire et de culture et de gens comme mon père. Il fallait que j’aille rendre hommage à ces gens-là.»

 Elle raconte le dur contact avec une réalité qui dépasse l’entendement, celle de la condition féminine où la lapidation est monnaie courante, que la femme soit  adolescente ou adulte! C’est «le code de l’honneur»…

«Des tragédies ordinaires  qui semblent prendre du regain.  La lapidation pour adultère a force de loi. Pourtant,  aucune source coranique ne justifie cette pratique barbare. Imaginez que l’article de loi incriminé précise jusqu’à la taille des pierres à utiliser!  Depuis une trentaine d’années les Ayatollahs ont imposé à la femme iranienne, devenue le sexe maudit, le statut de pseudo-humaine: une femme est la moitié d’un homme. Cette ségrégation commence in utero, dès le 2e mois de conception, quand le sexe est déterminé. Le père a droit de vie ou de mort sur son enfant: il est exempt du Qessas (loi du talion). La peine est commuée en paiement du prix du sang et en châtiment corporel.»

Pourtant, Fariba cultive l’espoir:

«Ce sont  les femmes qui ébranlent les fondements de la théocratie khomeyniste… La colère salutaire de la grande majorité de mes compatriotes pour lesquelles toutes les occasions sont bonnes de revendiquer leurs droits, y compris celui de disposer de leur corps portera tôt ou tard ses fruits!»

 

Actuellement, elle travaille sur «un petit livre» qu’elle veut garder confidentiel pour le moment:

«Je m’y exprime en tant que laïque agnostique...»

Mais, affirme-t-elle avec un clin d’œil : «Il ne s’agira pas d’une caricature».



Le prix Gitanjali (30 novembre-7 décembre 2012)*

Fariba Hachtroudi(Photo de Laurent Peters)

En créant le Prix Gitanjali à Pondichéry, Fariba Hachtroudi monte une fois encore au créneau en faveur des idéaux transmis par son père:

«D’abord parce que j’ai une passion particulière pour l’Inde depuis 30 ans et puis je rêvais depuis longtemps de créer un prix littéraire qui serait à la fois un hommage rendu à ma langue d'adoption, le français, et une invitation au voyage littéraire. Pondichéry est la ville la plus française de l’Inde et c’est le lieu idéal pour monter un prix littéraire. C’est important de sortir des circuits parisiens. J’aurais voulu le faire en Iran mais… A Pondichéry, c’est le bon moment. Ca demande beaucoup de folie et d’énergie, ce que j’ai! Il y a des valeurs communes entre l’Inde et la France, comme défendre la laïcité.» 

L'Inde fête, en cette année 2012, le cinquantenaire de la rétrocession de Pondichéry par la France et le soixantième-cinquième anniversaire de l'indépendance du pays. Le thème choisi pour l'ouverture du Prix: «Résistance, Indépendance, liberté», est en phase avec cette année particulière.

«Le Prix Gitanjali ne manquera pas de rendre à Pondichéry sa légende et son pouvoir d'évocation à l'occasion de cet événement culturel qui s’annonce d'exception en  associant de manière festive et efficace la littérature de langue française la plus actuelle avec la création littéraire de l'Inde du Sud… Ce prix entend jeter un pont entre les tenants des valeurs d’égalité et de laïcité, attachées à la langue et à la culture françaises, ici et là-bas.»

Outre ses romans, Fariba Hachtroudi publie des articles dans la presse européenne et américaine. Elle voyage partout dans le monde pour donner des conférences.

 «Un dernier mot, Fariba, pour te définir…»

Elle réfléchit une seconde:

«La passion. Conserver la passion car j’ai beaucoup de mal par ces temps tellement troubles et médiocres face à la gravité de notre monde.  Avec cette sensation que les gens ne s’en rendent pas compte, j’ai une telle impression de solitude…. Mais la vie sans passion, ce n’est pas envisageable… Le combat continue à travers mes écrits et aussi mon Prix. Quand j’ai des choses à dire, je les dis. Je continue de mettre en avant les mêmes valeurs!»

Mahia Alonso


Annexe:

MoHa,  Association Mohsen Hachtroudi.

En 1995, Fariba Hachtroudi créée une association humanitaire, MoHa,  pour la Fondation Mohsen Hachtroudi (MoHa: les deux premières syllabes du nom de son père). L’éducation, la laïcité – condition essentielle pour le respect des droits de la femme-, et la promotion de la démocratie  en sont les chevaux de bataille.

Ses publications.


Fariba Hachtroudi

  

En mars 2000, le premier roman de Fariba, «Iran, les rives du sang» (Le Seuil) est inspiré de la mort tragique de sa mère dans des conditions douteuses en 1991, Ce livre a reçu le grand prix littéraire des Droits de l’Homme en octobre 2001, remis par le président de l’Assemblée Nationale, Raymond Forni, lors d’une cérémonie à l’Assemblée. En Juin 2004,  aux Editions de l’Hydre : «Les femmes iraniennes, 25 ans d’Inquisition»,  chiffres et preuves à l’appui, elle dénonce la condition de la femme sous le régime des mollahs. «Le Chili sur les traces de Neruda», (Seuil, 2005),  carnet de voyage, a été réalisé avec le photographe Laurent Peters. «J’ai épousé Johnny à Notre Dame de Sion» (Seuil, 2006), relate son adolescence à Paris. «A mon retour d’Iran»  (Seuil, 2007) évoque son  voyage en Iran, après trente ans d’exil, un poignant témoignage sur l’Iran actuel. «La gelée royale» (Encre d’Orient, 2010) un roman féroce, traversé de métaphores et nourri de mythes africains, sous le signe de la révolte et de la dérision. «Ali Khamenei ou Les larmes de Dieu»  (Gallimard, 2011): «Avec ce roman, j’ai dépassé la ligne rouge. Le livre n’est pas tendre…»  nous dit-elle.




Fariba Hachtroudi

 

Son tout dernier livre publié  en ce mois d’octobre «Le XIIe Imam est une femme» (Ed. Erick Bonnier), raconte les périples d’une jeune iranienne de 30 ans qui découvre qu'au pays de la lapidation et du machisme, le fameux Messie est... une Messie tout particulièrement féministe. Le récit, haut en couleur, drôle et décapant, marie humour et indignation, dérision et coup de gueule. Le roman glisse peu à peu vers le pamphlet. Cette lecture est également une clef de compréhension de la situation actuelle de l'Iran, un pays à la culture millénaire, où le chiisme, pur produit local, fut de tout temps un facteur de résistance face à l'envahisseur étranger, tout autant qu'une arme entre les mains de certains des plus rétrogrades despotes locaux.

 

fariba video

Fariba Hachtroudi : A mon retour d'Iran par ina



Fariba Hachtroudi par LE-CUM-NICE

 

http://www.prix-gitanjali-pondichery.com/fr/

http://www.rfi.fr/emission/20110902-1-fariba-hachtroudi


 

Témoignage de Gil Jouanard :

«Pourquoi j'ai accepté de faire partie du jury du Prix Gitanjali».

Depuis la création de Nananews, chaque semaine, nos lecteurs retrouvent le billet de Gil Jouanard.  Ils ont pu se familiariser avec son esprit ouvert et indépendant. Sa présence au Prix Gitanjali ne surprendra pas d’autant qu’il est un fidèle ami de Fariba depuis bien des années. 

Gil Jouannard


 

«Plus encore qu'une pratique assidue ou exclusive de la langue française, la francophonie est, dans les zones du monde autrefois intégrées à ce qui fut l' «Empire colonial français» (désignation fort ambiguë, évocatrice de mœurs et mentalités très «discutables») un état d'esprit, qui s'inscrit dans un tout autre aspect de l'Histoire de la France: celle des droits de l'homme et de la philosophie des Lumières...

A ce titre, Pondichéry, qui fut un «comptoir» bâti sur l'antique mode grec et phénicien, représente un cas de figure singulier, puisque la réalité indienne (elle-même extrêmement diversifiée), s'y combina avec harmonie et sans heurts sanglants, sinon au tout début de l'implantation française (et encore plus souvent entre Français et Britanniques qu'entre Français et Indiens !).

De ce passé complexe demeurent ici et là des «traces» qui (ainsi que dit René Char) «font rêver». Et c'est sous les auspices de ces traces, mais aussi dans le souci d'une prise en compte de la réalité d'aujourd'hui, que les promoteurs du prix Gitanjali, et en tout premier lieu Fariba Hachtroudi (elle-même franco-iranienne attachée à sa double culture), se sont d'emblée placés.

Si j'ai pour ma part répondu présent, d'enthousiasme, à la proposition faite par mon amie Fariba, de participer à cette aventure, c'est non seulement en tant qu'impénitent  «écrivain voyageur» et que curieux de tout ce qui fait la diversité du monde, mais aussi comme admirateur de l'attitude morale, éthique, et existentielle qui caractérise l' «indianité», elle-même fort diverse, telle que me donnèrent à la découvrir, en mon adolescence, la lecture de Rabindranath Tagore et le vision émerveillée des films de Satyajit Ray, notamment cette prodigieuse trilogie du Monde d'Apu, qui me firent plonger dans une vieille mémoire dont je ne saurais dire si elle concerne le vieux fond indo-européen ou si, plus anciennement, elle plonge dans un passé encore plus universel de notre espèce, celui où l'Homo Sapiens-Sapiens sortit des pragmatiques conditions de sa survie pour s'inventer des modes d'existence conviviaux et pour entrer dans un espace mental qui suscita sa lente et progressive émancipation.

C'est bien la le mot clé de notre engagement, celui par lequel je conclurai pour mieux commencer: l'émancipation morale et mentale de chaque individu, ce que vise, consciemment ou non, toute littérature...»

*Le Prix Gitanjali récompensera deux lauréats, l'un francophone (sélectionné par le jury basé en France), l'autre indien et sans contrainte de langue (sélectionné par le jury basé en Inde), avec à la clé la diffusion en français de l'œuvre primée. Ces lauréats recevront une médaille, et jouiront d’un séjour littéraire de quinze jours dans l'un des établissements du groupe hôtelier CGH Earth, partenaire du Prix ;  à  la traduction des livres primés.  Les lauréats recevront leur médaille le matin au Consulat général de France et seront présentés officiellement lors d'une cérémonie qui aura lieu le soir à l'hôtel Le Mahé de Malabar. L'ouvrage de langue française sera édité en Inde par un éditeur indien. L'ouvrage écrit dans l'une des langues de l'Inde sera traduit en français et publié par un éditeur français.

 

 

 

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